"Il y a vingt ans, il n’existait pas de groupes financiers dans la biologie médicale de ville en France. Aujourd’hui, six groupes financiers possèdent 67 % de ces entreprises de biologie médicale de ville", clame le réseau Les Biologistes Indépendants, qui explique que, depuis 2005, le nombre de laboratoires de ville a été pratiquement divisé par dix (de 3 991 entreprises à 412) sur le territoire national. "Cette concentration du marché a réduit considérablement le nombre d’intervenants indépendants. Elle a vu la logique financière l’emporter sur celle du soin et de la prise en charge complète des patients, et notamment des plus fragiles ; elle semble également avoir largement contribué à l’accentuation de la désertification médicale de certains territoires délaissés par les investisseurs en raison d’une densité de population jugée trop faible pour présenter des ratios de rentabilité satisfaisants", regrette l’organisation.

Elle interpelle en conséquence les responsables politiques sur la nécessité de renforcer la réglementation en vigueur : "Il en va de la pérennisation de notre système de santé, qui doit être la priorité du quinquennat qui s’ouvre aujourd’hui."

Réimplanter des labos : une urgence

Une enquête "Biologistes Indépendants – Ipsos" menée en avril 2022 vient appuyer les propos de l'organisation. Celle-ci indique que 89 % des médecins ont le sentiment d’une main mise de la finance sur la biologie médicale française. 75% d'entre eux jugent négativement ce phénomène, l’assimilant à une réduction des moyens techniques et humains au profit de la rentabilité.

Concernant plus spécifiquement l’accès aux laboratoires de biologie médicale, plus d’un Français sur quatre (28%) déclare qu’il est devenu difficile, voire impossible d’accéder à des laboratoires de biologie médicale à proximité de son lieu de résidence, avec les territoires ruraux en surreprésentation (37%). Un constat qui explique notamment le phénomène inquiétant décrit par près d’un médecin sur deux (47%) et plus d’un Français sur trois (34%) révélant des difficultés pour faire réaliser des analyses médicales urgentes (hors épidémie de Covid-19).

Pourtant, la réimplantation d’infrastructures de santé dans les territoires et particulièrement de laboratoires de biologie médicale semble salutaire pour les Français, à plus d’un titre, puisqu’ils permettraient de lutter contre les inégalités de soins (pour 90% des interrogés), de créer des emplois (89%) ou encore à chacun de choisir ses structures ou ses professionnels de santé (88%).

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