En parallèle, l’ARS met l’équipe en contact avec Julie Alary, alors diététicienne, qui cherche à s’installer dans la région. "La rencontre s’est très bien passée et, rapidement, Sébastien m’a informée de la volonté de l’équipe de développer des actions d’ETP", explique cette dernière, toutefois confrontée à un problème : à l’époque, le métier de coordinatrice est inexistant et les nouveaux modes de rémunération ne prévoient aucun fléchage pour ce poste. Le médecin l’informe donc "que la MSP ne disposait pas de financement pour la rémunérer… Et pendant deux ans, elle ne l’a pas été", s’en excuse-t-il encore. Car convaincue par ce travail d’équipe, Julie Alary accepte de s’engager, sur son temps libre, au développement de projets pour la maison de santé, tout en vivant de "petits boulots" en parallèle.
En 2014, l’équipe ayant pu négocier un financement pour ce poste de coordinatrice avec l’ARS et la Région, un premier contrat est signé et, rapidement, la collaboration porte ses fruits : un programme d’ETP "obésité" – qui fête ses 10 ans –, un autre programme "cancer" et un programme de prévention "post-cancer". L’implication des professionnels de santé pour la santé du territoire est saluée et ils sont "contactés par la mairie, l’université populaire, l’épicerie sociale pour des partenariats orientés sur le médico-social et la collectivité", se félicite Sébastien Adnot.
Pourtant, si l’ancrage de la MSP dans le territoire est acquis, une autre partition se joue en interne : celle de l’apprentissage de l’exercice en équipe. "Lorsque je suis arrivée à la MSP, les professionnels de santé avaient des idées de projets, mais ils ne travaillaient pas ensemble et ne savaient pas nécessairement comment s’y prendre", confie Julie Alary, qui réfléchit avec Sébastien Adnot à la création de liens. "Il a fallu deux à trois ans pour que le dynamisme se mette en place et atteigne un rythme de croisière", explique celui-ci. Aujourd’hui, les membres se réunissent une fois par mois autour de l’élaboration de protocoles, d’actions de coordination, d’analyse de cas de patients complexes, etc. Et, tous les lundis, un staff de médecins permet d’échanger sur les patients dont la prise en charge pose question. "S’il est une leçon à retenir, c’est celle que l’exercice en équipe n’est pas automatique, ajoute Julie Alary. Cela demande une confiance entre les professionnels, qui doivent apprendre à se connaître et appréhender leur champ de compétences."
Ce travail a d’ailleurs permis de lancer une dynamique autour de la formation à l’ETP de tous les professionnels de la structure... bien que tous ne soient pas investis de la même manière. "De fait, nous avons théorisé un seuil d’implication applicable à tous les membres", explique Sébastien Adnot. Le seuil minimal obligatoire est d’orienter les patients vers les programmes d’ETP et les protocoles de prévention, de leur fournir l’information et de communiquer. "Il s’agit du seul devoir exigé", indique-t-il. Trois autres seuils sont possibles : se former à l’ETP et participer à des ateliers ; participer aux ateliers et à la création de programmes ; et collaborer à la gestion de la MSP, aux rapports avec les institutions ou encore à la recherche de budgets. "Il est impératif que chacun ait a minima une démarche proactive et de prévention", insiste le médecin.