Faciliter l’accès à la justice pour les victimes tout en respectant le secret médical. C'est le pari que s’est donné la maison de santé de Gouzeaucourt, dans le Nord. Une démarche loin d’être unique dans le département. Depuis 2020 le centre hospitalier du Cateau propose aux victimes de violences intrafamiliales un système de pré-plainte a sein même de l’établissement. 

Yannick Caremelle, médecin généraliste et responsable de la maison de santé, confie à nos confrères de La Voix du Nord que “les violences conjugales suivent souvent un cycle destructeur”. Un cycle qui commence par un climat de tension dans lequel les violences verbales et les contrôles s’intensifient, et sont généralement suivis par une explosion de violence, physique ou psychologique. Ensuite, “ la victime adhère sans résistance à ce sentiment de culpabilité. Puis vient la lune de miel : l’auteur s’excuse, promet qu’il va se soigner, offre des cadeaux. La victime se dit que ça n’était que passager. Alors ça recommence. »  

 

Accompagner sans contraindre 

Cette initiative propose ainsi de déposer une pré-plainte, permettant le début d’une procédure dans la douceur et dans un environnement de confiance, plus “chaleureux” qu’un commissariat, le tout en respectant le secret médical. Yannick Caremelle précise, « jamais nous n’allons contraindre une victime à porter plainte. Nous faisons juste en sorte que la victime saisisse l’opportunité.” Quand un certificat médical est délivré, il devient un premier élément crucial pour soutenir la plainte. La maison de santé offre même un accès direct à un ordinateur pour effectuer cette démarche dans un cadre confidentiel. 

Si une victime souhaite retirer sa plainte, une situation assez fréquente dans les cas de violences conjugales, cela reste possible. Cependant, Ingrid Görgen, procureure de Cambrai, rappelle que le retrait d'une plainte ne bloque pas nécessairement l'enquête. Si des preuves ont été récoltées, l’enquête continue, même sans la plainte officielle de la victime. La justice peut alors engager des poursuites basées sur ces éléments, malgré le retrait de la plainte. 

Bien que plus répandues dans les relations entre adultes, les violences conjugales existent aussi entre adolescents. C’est pourquoi il est utile de sensibiliser les jeunes à l'importance du respect et de l'égalité dans les relations amoureuses. La présence de représentants du collège de Gouzeaucourt lors de la signature de la convention – permettant de lutter contre les violences intrafamiliales aux côtés du parquet et des forces de l’ordre - montre l’importance de cette sensibilisation. 

Cette initiative à Gouzeaucourt fait partie d’un effort plus large dans la région pour lutter contre les violences intrafamiliales. Les forces de l’ordre, les soignants, les écoles, le parquet et les associations se mobilisent pour offrir un soutien complet aux victimes. Ce dispositif, se développe petit à petit sur tout le territoire du Cambrésis, l'une des régions les plus touchées par les violences intrafamiliales.  

Les violences intrafamiliales représentent environ un tiers des affaires traitées par le parquet de Cambrai chaque année, un taux soulignant l’importance de ce dispositif.  

[Avec La Voix du Nord

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