Depuis 2019, la HAS recommande aux professionnels de santé de premier recours (généralistes, gynécologues, pédiatres, urgentistes, sage-femmes...) de demander à toutes leurs patientes si elles subissent ou ont subi des violences, même en l'absence de signes d'alerte. L'enjeu étant de "faciliter la parole des victimes en normalisant le sujet", rappelle l'autorité publique dans un communiqué publié hier.

Selon ce baromètre* réalisé avec l'institut BVA en octobre 2022 puis en octobre 2023, sur 1.000 femmes dont 891 avaient consulté un généraliste au cours des dix-huit derniers mois, les pratiques des médecins "stagnent" et cette recommandation reste "trop peu mise en oeuvre", alors que les femmes y sont "très favorables", poursuit la HAS.

En 2022 comme en 2023, seules 14% des femmes qui ont consulté un médecin généraliste dans la période se souvenaient avoir été questionnées sur leur relation avec leur partenaire. Et une très petite minorité, soit 3% des répondantes, disent avoir "été directement questionnées sur d'éventuelles violences conjugales".
 

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Au sein de cet échantillon, 1 femme sur 5 a pourtant déclaré subir ou avoir déjà subi des violences de la part de son partenaire, physiques, verbales, psychologiques ou sexuelles. Et 2% ont dit les subir actuellement, 18% en avoir été victimes dans le passé. "En moyenne en France, on estime que 3 à 4 femmes sur 10 pourraient être victimes de violences conjugales dans la patientèle d'un médecin généraliste", précise la HAS. "Contrairement aux craintes de certains professionnels, 96% des femmes interrogées considèrent qu'un questionnement systématique est une bonne chose", observe l'autorité publique. Une partie d'entre elles ont indiqué qu'elles pourraient se sentir gênées (23%), jugées (15%) ou choquées (13%) par ce type de question, mais la plupart "déclarent quand même y être favorables".

Les ressources sur les violences conjugales sont encore insuffisamment disponibles en cabinet : seules 28% du panel "se souvient en avoir vu", une proportion un peu plus grande (38%) parmi celles ayant déjà été victimes.

NOTE
* Enquête réalisée en ligne sur un échantillon représentatif de 1.000 femmes françaises de plus de 18 ans, entre les 29 septembre et 6 octobre 2023.

[avec AFP]
 

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