Courant novembre, trois fédérations régionales d’AVECsanté ont organisé leur journée pour détailler les initiatives locales portées par les maisons de santé du territoire : le 10 novembre à Bordeaux (AVECsanté Nouvelle-Aquitaine), le 18 novembre à Clermont-Ferrand (FemasAura&Co) et le 24 novembre à Liévin (Femas Hauts-de-France). Accès aux soins, travail en équipe, implication des usagers, démarche qualité, accès direct, salariat… Parmi les thématiques développées lors de ces trois journées, un fil conducteur a animé les discussions. Écoresponsabilité en maison de santé, association "La Fresque du climat", maison de santé écoresponsable : de la Nouvelle-Aquitaine au Nord en passant par la région Auvergne-Rhône-Alpes, la démarche écoresponsable a largement inspiré les équipes locales.

 

Le juste soin et un juste prix

"On vit à crédit", lance d’emblée Antoine Prioux, pharmacien à Bugeat. Un message en filigrane de l’atelier qu’il a animé à Bordeaux lors de la journée d’AVECsanté Nouvelle-Aquitaine et dont l’objectif était de "sensibiliser sur le pourquoi on doit se lancer dans des démarches écoresponsables tout en ayant conscience de tout ce qui est lié à cette question d’écoresponsabilité".
L’équation est la suivante : faire plus avec moins, mieux et vite dans les soins, tout en se maintenant en bonne santé. Et compte tenu des limites planétaires – changement climatique, érosion de la biodiversité, déforestation, pollutions chimiques, dégradation de l’eau potable ou encore acidification des océans –, "il faut s’adapter", lance le coordinateur de la Sisa Millesoins, tout en rappelant la déclaration du Lancet en 2009, maintes fois reprises par l’OMS : "Le changement climatique est la plus grande menace pour la santé globale du XXIe siècle."


Nouveau bureau d’AVECsanté Nouvelle-Aquitaine crédit : E.K.


L’empreinte carbone du secteur de la santé est estimée en moyenne à 49 millions de tonnes de CO2, soit 8 % de l’empreinte nationale française. L’achat des médicaments et des dispositifs médicaux représente 50 % des gaz à effet de serre. La médecine de ville en représente 11 %. Les chiffres du rapport 2023 du Shift Project disent, entre autres, la nécessité d’agir pour "réduire la dépendance du secteur de la santé aux énergies fossiles". Comment ? En formant les professionnels de santé à l’urgence climatique et à l’écoconception des soins, en imposant un volet "coût carbone" dans les projets de recherche, les projets hospitaliers ou les réformes ou encore en instaurant un "volet écoresponsable" des projets d’établissements de santé.

Sur la performance énergétique du système de santé, "typiquement, cela revient à des questions de coordination, estime Antoine Prioux. Pour moi, la coordination des soins primaires, ou du lien ville-hôpital, c’est comme l’isolation d’un bâtiment : pour 1 euro injecté dans un système qui se coordonne, on va peut-être économiser 2 euros de consommations de soins parce qu’on aura évité toutes les problématiques d’iatrogénie liées à un mauvais retour d’hospitalisation, par exemple. Il y a également toutes les questions de juste soin, de bon usage des produits de santé… Et dans une logique de justice sociale, comment maintenir de la démocratie dans les processus de prise de décision ? Qu’est-ce qui fait qu’on fait tout ça ? Tout simplement parce qu’il s’agit de composer un monde en commun, soit des systèmes ouverts, non privatifs – la patientèle ne m’appartient pas, les bases de données d’information médicale ne sont pas ma priorité. Tout ça doit être ouvert à travers différents communs : un commun “territoire d’action”, “projet politique”, “juridique”, “financement”, “locaux”, “outil”…"

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