On pourrait dire de la maison de santé multi-sites (MSMS) Re-Voir qu’elle est visionnaire. D’abord, dans sa forme : créée en 2006, elle oeuvre à l’époque sous un statut associatif, tout en préfigurant, dans les faits, de quelques années les maisons et pôles de santé que l’on connaît aujourd’hui. Ensuite, dans son approche de la déficience visuelle, qui analyse l’environnement du patient pour mieux cerner l’évolution de sa pathologie.

Le manque d’ophtalmologues à La Réunion engendre, comme en métropole, une surcharge de consultations pour le professionnel. Cette situation a des conséquences sur la prise en charge du patient, omettant grandement le travail de prévention, pourtant essentiel pour qu’une déficience visuelle n’évolue pas vers un handicap. "Dans ce contexte, le travail en équipe nous a semblé incontournable, pour mieux répartir et déléguer les tâches entre des professionnels formés, empathiques, et avec un bon degré de technicité médicale", explique le Dr Xavier Aubrée, ophtalmologue, à l’initiative de la création de l’association Re-Voir, et aujourd’hui médecin coordinateur de la MSMS. En 2006, l’association réunit des ophtalmologues, des opticiens et des orthoptistes qui reçoivent en consultation chaque dernier vendredi du mois au CHU de Bellepierre à Saint-Denis, sur ordonnance du médecin traitant.



Créée en 2006 statut associatif, Re-Voir compte une quinzaine de professionnels.
© Association Re-Voir. 

 

En 2012, sous l’impulsion de l’ARS-OI et de la Caisse générale de Sécurité sociale (CGSS) de La Réunion, l’association devient pôle de santé. L’équipe pluridisciplinaire s’étoffe alors et accueille des ergothérapeutes, des instructeurs en locomotion et des psychologues. "Le secrétariat a un rôle majeur : du premier contact au suivi de l’accompagnement jusqu’à la fin de la prise en charge du patient, créant également le lien entre les professionnels", poursuit le Dr Aubrée. Les six catégories professionnelles comprises dans l’équipe de quinze professionnels sont amenées à consulter le patient afin d’assurer une prise en charge globale, mais aussi de proximité puisque l’ergothérapeute, l’instructeur en locomotion, et le psychologue se déplacent au domicile du patient. Objectif : proposer des réponses adaptées à ses réalités quotidiennes et y associer éventuellement son entourage. Les autres professionnels reçoivent les patients directement dans leur cabinet, ou sur l’un des trois sites du pôle, devenu depuis 2018 une maison de santé multi-sites : Saint-Pierre, Saint-Paul et Saint-Denis.

Devenir acteur de sa maladie

Pour les professionnels de la MSMS Re-Voir, la prise en compte de l’environnement du patient est primordiale, et permet d’identifier et d’atténuer certains facteurs influant sur la santé visuelle : hyper-sollicitation de l’oeil (du fait des nouvelles technologies), excès d’exposition à la lumière, mauvais équilibre de vie, etc. Un travail d’éducation thérapeutique auprès du patient lui permet de prendre du recul sur sa déficience visuelle, pour mieux se l’approprier, voire la compenser en développant sa multi-sensorialité. "Le patient qui subit son environnement se dégrade, alors que le patient participatif, acteur de sa maladie, est un atout pour la médecine", estime le médecin coordonnateur. Cette approche, qui a déjà conquis les patients de la MSMS Re-Voir, reste aujourd’hui à être largement partagée auprès les professionnels de la santé visuelle.

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