"L’exercice isolé – c’est-à-dire d’un professionnel de santé seul dans son cabinet – doit devenir l’exception à l’horizon 2022", scandait-on au ministère de la Santé dès 2018, s'appuyant à la fois sur le souhait formulé par Emmanuel Macron à la présentation du plan "Ma Santé 2022" que "l'exercice isolé devienne une aberration" et Edouard Philippe de voir les maisons de santé pluriprofessionnelles devenir "la norme". Quelques années plus tard, l’ambition d’Agnès Buzyn, alors ministre de la Santé, s’est transformée en un nouvel objectif pour les ministres qui se sont succédé : à savoir, la création de 4.000 maisons de santé d’ici 2027 avec plus de deux millions d’euros consacrés chaque année.

Mais si les politiques publiques sont au vert, laissant penser que les MSP sont la tendance des années à venir, la nouvelle génération de médecins généralistes, première concernée par ce nouveau mode d’exercice – rappelons que tout projet de structure doit comprendre au minimum deux médecins et un professionnel paramédical – peine à suivre le rythme.

 

Travailler en MSP, "une expérience incroyable"

"Je suis arrivée en maison de santé complètement par hasard", lance Johanna Trovatello, interne en médecine générale à Dijon. Originaire de Marseille, la néointerne a passé ses six premiers mois de stage "dans la campagne profonde" auprès de deux praticiens en maison de santé. "Ça reste une expérience incroyable", se remémore-t-elle, quelques mois plus tard. Ce que la jeune interne vante : pouvoir être entourée et développer un travail collaboratif. "Le maître de stage m’encourageait à assister à des consultations avec les autres professionnels de santé. Je participais aussi aux réunions de la CPTS où on nous demandait notre avis pour rendre le territoire attractif, énumère Johanna Trovatello. En MSP, on discute, on mange ensemble, on voit du monde et on peut s’appuyer les uns sur les autres… C’est un vrai plus."

De quoi faire briller les yeux des futurs médecins généralistes. Car comme le souligne Raphaël Dachicourt, médecin généraliste et président du syndicat ReAGJIR, la vision des étudiants en médecine reste très hospitalo-centrée. "Les clichés subsistent : le seul moyen de travailler en équipe, c’est l’hôpital. À l’inverse, exercer en libéral, c’est se retrouver seul. Et si c’est encore une idée très présente, c’est parce que de nombreux stages se déroulent justement dans des cabinets isolés en ville."
 

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