La MSP de Rocroi (Ardennes) a été inaugurée début 2017, après de longues années de démarches menées par Éric Delebois, médecin généraliste et Jean-Michel Jacob, chirurgien-dentiste. À l’époque, les professionnels de santé négocient avec la Ville et l’intercommunalité pour "tomber d’accord sur les conditions du bail et le prix", rapporte le journal L’Ardennais.  Un loyer "volontairement bas pour lancer la structure et attirer les professionnels", a expliqué Régis Depaix, président de la communauté de commune Vallées et plateau d’Ardenne, précisant qu'il était "temps de revenir aux tarifs du marché".

Lors du conseil communautaire les élus ont ainsi voté une hausse du loyer pour les praticiens rocroyens : de 2 211,66 € par mois pour 807,5 m2, le loyer devait passer à 3 358,76 € - somme à laquelle il ont ajouté 25% de taxe foncière, précise le quotidien régional. Les associés de la MSP sont montés au créneau. "Où est la démocratie, la com’com use de son 49.3", s’est écrié François Cambron, médecin généraliste. De son côté, Éric Delebois rappelle : "Ils dénoncent l’ancien bail, c’est leur droit, juridiquement il n’y a pas de problème… Moralement c’est plus contestable."

"Blindez votre bail !"

Contacté par Concours pluripro, Éric Delebois admet que même si "ce loyer n'est pas cher", il n'est "pas envisageable de payer 1,5 fois plus qu'avant !" Et de revenir sur l'historique de la création de la MSP. "La com'com n'a pas arrêté d'ajouter des clauses aberrantes dans le bail, ça a trainé pendant des années et on a même ouvert en janvier 2017 avec un bail provisoire". Le bail a finalement tenu six ans. "Au mois de juin dernier, Régis Depaix m'a téléphoné pour m'informer que j'allais recevoir un recommandé pour dénoncer le bail et en proposer un nouveau... Mais nous n'avons reçu la proposition - inacceptable -  que le 15 novembre." Une nouvelle proposition de bail a été reçue le 2 décembre. "On l'a de nouveau refusée... Et si cela se trouve on va être mis à la porte au 28 décembre. Vont-ils envoyer les gendarmes pour nous mettre dehors, on se le demande !"

La patientèle de la MSP - qui regroupe quatre médecins généralistes, une infirmière, un orthophoniste, un kiné, un dentiste et un ostéopathe - s'inquiète. "C'est d'autant plus grave que je prends ma retraite l'an prochain, un de mes confrères aussi, pointe Éric Delebois. Les deux médecins généralistes restants ne vont pas accepter de telles conditions et partiront... et sans eux, ce sera la fin de la MSP...".

Le médecin généraliste explique qu'il a envoyé des courriers aux maires de communes membres de la com'com pour le soutenir, "mais ils m'ont répondu qu'ils ne pouvaient rien faire !" Son seul espoir à présent est de réunir une commission spéciale avec des représentants de la com'com, des représentants des professionnels de santé et un arbitre. Et de lancer un signal fort aux professionnels de santé des maisons de santé : "Méfiez-vous et blindez votre un bail professionnel !"

[Avec L'Ardennais]

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