Les propos tenus par l’adjoint au maire d’Angers en charge de la santé, au dernier conseil municipal, ont encore du mal à passer auprès des professionnels de santé de la maison de santé des Hauts-de-Saint-Aubin (Pays de la Loire). Le 30 octobre dernier, Richard Yvon, médecin lui-même, a souligné que les professionnels de la maison de santé des Hauts-de-Saint-Aubin (Pays de la Loire) ont "bénéficié d’1.5 million d’euros d’argent public de soutien indirect" mais menacent aujourd’hui de fermer leur structure – et donc de ne plus prendre en charge les 5.000 patients suivis – en raison de la hausse du loyer d’environ 5.000 euros, précise Le Courrier de l’Ouest. "Ils sont dix professionnels de santé. On parle donc de 900 euros de loyer chacun. Les médecins ne sont quand même pas les plus à plaindre aujourd’hui", a-t-il affirmé. Des propos qui ont du mal à passer.

Créée en 2013 en partenariat avec la Ville dans l’ancien quartier de Verneau devenu quartier des Hauts de Saint Aubin, un quartier prioritaire de la politique de la ville, la structure de 690 m2 est cofinancée par les professionnels de santé et la Ville : l’espace loué au bailleur Angers Loire Habitat pour 9.767 euros par mois, est financé par la Ville à hauteur de 3.101 euros (pour 240m2 dédiés à la prévention et la promotion de la santé) et par les professionnels à hauteur de 3.665 euros (pour 450m2 occupés par les cabinets, bureaux et salles d’attente). En juillet 2022, la Ville a décidé de se retirer du partenariat pour rapatrier ses activités de prévention dans ses locaux au relais-mairie du quartier.

Les professionnels de santé ont cherché un autre site, moins grand, mais en vain. Et pour l’heure, les discussions engagées pour trouver d’autres partenaires n’ont pas abouti, précise le journal local. Si la Ville a décidé de maintenir son financement jusqu’à fin 2024, il reviendra ensuite aux professionnels de prendre en charge l’intégralité du loyer. "J’ai calculé. Si c’est ça, je travaillerai trois mois de l’année juste pour payer le loyer", explique Pauline San, orthophoniste et coprésidente de la MSP au Courrier de l’Ouest. "Ça doublera nos charges. Je serai presque à 50% de charges sur ce que je gagne", précise pour sa part Emmanuel Baudry, médecin généraliste, également coprésident de la structure.

"On n’est pas là pour faire de la politique"

Aux propos de Richard Yvon qui aurait déploré, lors du conseil municipal, plusieurs cas de refus de prise en charge de patients par la MSP, Emmanuel Baudry réfute : "Il n’y a jamais eu de refus de soins. Il peut y avoir un refus d’être médecin traitant, mais ça n’a rien à voir. On nous reproche d’avoir décliné la prise en charge d’un patient en particulier, il y a deux ans. On ne l’a pas laissé tomber. Nous l’avions accompagné pour qu’il trouve un autre médecin", précise-t-il au journal local. "On n’est pas là pour faire de la politique. On veut juste rester auprès de nos patients et faire de l’accès aux soins pour les plus précaires, qui représentent plus de 35% de notre patientèle", poursuit-il.

Pour l’heure, "la viabilité de la maison de santé sur son emplacement actuel est compromise". Et Emmanuel Baudry évoque un risque de fermeture définitive "fin 2024" de la maison de santé qui compte 2 orthophonistes, 3 kinésithérapeutes, 7 infirmières, 2 secrétaires médicales et 6 médecins généralistes.

[Avec Ouest France : 31 octobre et 8 novembre]

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