La santé est en crise. Tout le monde le sait, le voit, le vit. Depuis une dizaine d’années, nous avons pris l’habitude d’entendre les soignants se plaindre, les patients se plaindre, les urgences à bout de souffle. Nous avons pris l’habitude des gesticulations médiatiques de nos politiques, nous avons pris l’habitude de voir les syndicats de la santé dénoncer les conditions et les rythmes de travail.
Mais justement, après une crise sanitaire et quelques grèves comment peut-on encore avoir des situations telles que celle que je vais vous décrire dans notre petit territoire des Corbières ?
En 2000, notre communauté de commune a connu l’abondance avec 4 médecins, 2 kinés, 1 dentiste, 4 infirmiers. En 2010, 3 médecins s’approchant de l’âge de la retraite et soucieux de pérenniser ce trésor, les élus, l’ARS et les soignants ont travaillé main dans la main pour construire une magnifique maison de santé.
8 ans plus tard, le moment est venu de chercher les forces vives, les mairies mettent encore la main à la poche et paient un chasseur de tête pour recruter un médecin généraliste. La perle rare est trouvée en Hollande. Sa femme est médecin spécialiste en endocrinologue, un poste lui est trouvé à l’hôpital de Montredon. Après un an de formation en français médical, c’est décidé ils viennent s’installer en France à l’automne 2022.
Tout le monde s’affaire pour préparer la venue de ce jeune couple : maison, contrat, aide à l’installation. Le Crom donne son accord. Tout va bien, il commence à travailler et reçoit de nombreux patients.
2 mois après, le Cnom refuse l’installation de la jeune femme tout juste maman de 2 jumeaux, la fait venir à Paris à un entretien mais ne propose aucune solution. Le diplôme d’endocrinologie hollandais n’est pas valable en France et ne le sera jamais ! Il serait temps de s’en apercevoir.
Comment est-ce possible en Europe ? Comment personne n’a su harmoniser ces diplômes, quand tout le monde s’active à gérer la pénurie de soignants ? Comment personne ne s’est préoccupé dans les territoires de construire l’Europe de la santé ?
Quel gâchis ! Mettre tant de moyens financier, humain, pour en arriver là !
Les règles sont faites pour être évoluées et adaptées au présent. Gouverner c’est prévoir. Ici, à notre échelle tout a été fait pour devancer le départ de ces trois médecins. Et vous, messieurs les conseillers des Ordres et universitaires de France et d’Europe : qu’avez-vous fait pendant 20 ans ?
Il est grand temps que l’Europe de la santé se mette en marche et que les Ordres, l’ARS, les facultés de médecine et les instances équivalentes des autres pays européens travaillent ensemble pour une plus grande cohérence territoriale.