Son histoire remonte à plus de quarante ans, d’abord sous les traits d’une maison médicale, créée en 1976. Une sorte de maison de santé « avant la lettre », explique Jennifer Ramos, coordinatrice à l’association Pôle Santé Flandre Lys et chargée de projets prévention et promotion de la santé à la Femas Hauts-de-France : « Dans la commune de Laventie, les professionnels de santé de la maison médicale avaient l’habitude de travailler en réseau. Et ce, avant même qu’on parle d’exercice pluriprofessionnel coordonné. » Travail en coordination, engagement des professionnels de santé sur le territoire, réflexion commune pour la mise en place d’actions en collaboration avec les autres cabinets médicaux, notamment ceux de Fleurbaix et Sailly-sur-la-Lys… La dynamique était déjà présente !



Jennifer Ramos ©J.R.

En 2011 naît l’idée d’une structure pour rendre plus lisible ce travail en réseau. « Le diagnostic de territoire démontrait une offre de santé cohérente par rapport aux besoins locaux. Certes, nous n’étions pas en situation de sous-densité médicale, mais l’âge assez avancé des professionnels de santé pouvait laisser entendre, à terme, un problème de démographie médicale, poursuit la coordinatrice. D’autant qu’à l’image du territoire national, nous faisions face à un vieillissement de la population et donc à des besoins d’offres de soins très précis. Les priorités de santé ont rapidement été identifiées. »

Sous l’impulsion des professionnels de santé déjà mobilisés et des élus locaux qui se sont emparés des enjeux sanitaires sur le territoire de Flandre Lys et de la problématique de désertification médicale, la maison médicale devient, en 2011, la MSP de l’Alloeu. La première MSP reconnue sur le territoire de Laventie.

Prévenir et dépister

La MSP – composée de 5 médecins généralistes, 2 infirmières, 2 chirurgiens-dentistes, 2 stomatologues, 3 orthophonistes, 1 psychologue et 1 sage-femme – propose diverses actions sur l’échelle de son bassin de vie. Actions de prévention sur la vaccination (permanences par les médecins traitants, les internes et les infirmières), expérimentation « Mission : retrouve ton cap », ateliers d’éducation thérapeutique du patient (programmes Lib’Air et Diabète) et consultations avancées de spécialistes de secteur 1... Soit une journée complète par semaine par l’établissement public de santé mentale (EPSM) de Saint-Venant, des vacations de chirurgie de la main (SOS Mains) et de neurochirurgie ou encore, prochainement, un accompagnement individualisé hebdomadaire pour les patients souffrant d’une addiction, dans le cadre d’une expérimentation microstructure (voir encadré).

Depuis deux ans, la MSP propose, en partenariat avec l’Ehpad Saint-Jean et le CH d’Armentières, une activité de télémédecine pour les patients âgés à haut risque cardiovasculaire. Et, depuis mai 2017, appuyée par l’URPS médecins libéraux qui a mis à leur disposition un rétinographe non mydriatique itinérant, l’équipe propose un dépistage de rétinopathie fonctionnelle. Cet acte s’adresse à des patients diabétiques (type 1, type 2, gestationnel) âgés de moins de 70 ans (pour éviter les troubles de la transparence oculaire), sans rétinopathie diabétique connue. Le médecin généraliste de chaque structure fixe ainsi les rendez-vous au patient et transmet les coordonnées à l’orthoptiste qui gère ses déplacements entre les différentes MSP. À ce jour, une trentaine de patients en ont bénéficié.

Soins, prévention mais aussi éducation à la santé font partie des axes de travail des MSP du territoire. Les médecins se sont ainsi impliqués dans le dépistage du cancer colorectal et du cancer du sein, la prévention des accidents domestiques et des risques de grossesse non désirée et d’interruptions volontaires de grossesse, en collaboration avec l’hôpital Jeanne-de-Flandre. Ils ont aussi pris part à l’étude Fleurbaix-Laventie ville-santé (FLVS), qui a servi de tremplin au Plan national nutrition santé (PNNS). Le recueil poids-taille des enfants réalisé en lien avec la médecine scolaire a permis d’établir un diagnostic du surpoids et de l’obésité, d’évaluer ce taux par rapport aux statistiques régionales et nationales, et de définir les leviers d’amélioration.

Une association fédératrice

Depuis 2014, les professionnels de santé sont regroupés au sein de l’association Pôle santé Flandre Lys (APSFL), association loi 1901, créée par les professionnels de santé libéraux sur le territoire de la communauté de communes Flandre Lys. Elle rayonne sur sept communes qui composent l’intercommunalité Flandre Lys : Laventie, Fleurbaix, Sailly-sur-la-Lys, Merville, Lestrem, Estaires et Haverskerque. Si Laventie compte environ 5 000 habitants, l’intercommunalité en dénombre un peu moins de 40 000.

À la suite d’un projet de rénovation et d’extension qui s’est étalé de septembre 2017 à avril 2018, la maison de santé a été officiellement inaugurée par Agnès Buzyn (voir photo). Parmi les projets futurs de la MSP : la dématérialisation des ordonnances, le développement de la télé-expertise ou encore le développement des consultations de second recours, notamment en lien avec l’hôpital.
 


Inauguration de la MSP fin septembre 2018 par  la ministre  de la Santé. © MSP de Laventie 

 

Deux projets « Article 51 » 

Microstructure médicale addiction : faciliter la prise en charge des usagers ayant une ou plusieurs conduites addictives et présentant une situation complexe. Promouvoir l’articulation entre secteurs ambulatoire et médicosocial pour favoriser une prise en charge adaptée, graduée et transdisciplinaire des personnes. Autant de missions pour ce projet porté par l’association Para-Chute, spécialisée dans la prise en charge de l’addiction, et l’APSFL. Chaque MSP du pôle disposera ainsi d’une microstructure médicale addiction (MSMA) qui réalisera des consultations avancées en addictologie deux fois par semaine. Démarrage prévu en février 2020.

« Mission : retrouve ton cap » : la MSP de l’Alloeu expérimente, depuis avril 2018, un projet de la Caisse nationale d’Assurance maladie : « Mission : retrouve ton cap ». Le principe ? Une prise en charge précoce, pluridisciplinaire (médecine générale, diététique et psychologie) gratuite et personnalisée, pour tout enfant de 3 à 8 ans présentant un risque d’obésité. Le risque est évalué par le médecin traitant, après analyse de la courbe de corpulence qui met éventuellement en exergue un surpoids, une augmentation rapide de la corpulence ou un rebond d’adiposité précoce. Une dizaine d’enfants sont impliqués. 

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