Article publié dans Concours pluripro, novembre 2025

Le pont du Gard comme emblème et l’hospitalité du Sud comme maître-mot. À Remoulins, petite commune située entre Nîmes et Avignon, les 12 000 habitants du village peuvent se vanter d’avoir vu éclore la première maison de santé du territoire : Le Prisme. "L’idée de la maison de santé part d’un constat simple : on allait droit dans le mur ! affirme Philippe Serayet, médecin généraliste, PU-PH et cofondateur de la structure. Depuis le début de mon installation, je savais qu’au vu de la démographie médicale du département, travailler seul n’était pas la solution… il fallait privilégier le pluripro." Une équipe de dix professionnels de santé (médecins, kinés, sages-femmes et infirmières) s’affaire à la tâche. Le projet de santé est signé en 2019 et la MSP ouvre ses portes en 2020. 

"Depuis, les locaux ont bien grandi", sourit Philippe ­Serayet. Désormais, la MSP compte une trentaine de professionnels de santé, "dont une partie exerce dans le bâtiment annexe, juste en face". Une distance qui n’empêche pas la convivialité. "Ici, c’est une ambiance très familiale et une grande richesse des échanges que les professionnels ont en dehors de leur temps de travail", témoigne Céline Varraut, coordinatrice de la MSP.

Pourquoi Le Prisme ? "Pour Pôle remoulinois interprofessionnel de soins médicaux", détaille Philippe Serayet. C’est "exactement" ce qui caractérise une MSP, assure-t-il. "Le prisme est une forme géométrique particulière : une base solide et plusieurs faces. Ça représente les diverses professions de santé, toutes reliées par un sommet : la concertation pluripro au bénéfice du patient." Une concertation qui a aussi poussé à la création de la CPTS ReGards. "Une taille 3 dont je suis aussi le président", glisse le médecin. 

À l’écoute de la population

Sept médecins généralistes, tous maîtres de stage, 4 infir­mières, 1 IPA, 2 kinés, 4 ergothérapeutes, 2 pédicures-­podologues, 1 diététicienne, 2 orthophonistes, 1 pharmacienne, 2 orthoptistes, 2 sages-femmes et 2 psychologues... Une grande équipe "très active", complète Céline Varraut, qui met en place "de nombreux protocoles de coopération autour du patient, comme ceux sur la cystite, avec la pharmacienne, ou la lombalgie, avec les kinés". Et avec la diététicienne et les psychologues, ils ont lancé "un programme sur l’obésité chez l’adolescent", reprend Philippe Serayet, précisant que la MSP est une structure référencée pour le programme "Mission : retrouve ton cap".

Porteurs de protocoles sur la couverture vaccinale du territoire, les soignants de la MSP espèrent développer d’autres projets autour notamment de la souffrance psychique des jeunes. "On fait déjà pas mal de repérage en consultation, pour informer nos patients qu’ils peuvent se tourner vers nos collègues psychologues." En plus de la prise en charge du pied diabétique, de l’insuffisance cardiaque, des IVG et des repérages des troubles du neurodéveloppement au sein de la structure, Le Prisme développe un protocole spécifique concernant le syndrome d’apnées du sommeil, avec l’un des médecins généralistes.

"Nous avons la chance d’avoir une population assez active, bien que l’on soit en milieu rural, voire semi-rural", avance Philippe Serayet. "8 % des patients de la MSP bénéficient de la CMU, complète Céline Varraut. C’est un taux assez bas." Alors, "pour sensibiliser la file active de 15 700 patients, on lutte pas mal contre l’antibiorésistance, reprend le médecin. On évite au maximum les prescriptions d’antibiotiques pour les pharyngites ou les bronchites, en proposant des ordonnances de non-prescription." Des fiches de prévention avec des "remèdes maison", pour que le patient "comprenne l’impact des antibiotiques sur son corps".

Une politique qui n’empêche pas la MSP de pratiquer des soins de première ligne poussés, comme des spirométries, des ECG ou des bilans de peau à l’aide d’un dermatoscope. Des "équipements médicaux nécessaires pour pallier les difficultés d’accès aux soins". 

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