Le projet paraît audacieux. Car pour le moment, c’est seulement avec son mari [aide-soignant salarié, NDLR] que Myriam Scarpino, infirmière libérale depuis vingt ans à Henriville, s’est lancée dans la construction d’une structure de 500 m2. Au programme : un prêt d’un million d’euros pour huit cabinets, aux normes accessibilité, avec un parking de 30 places et quatre bornes pour les voitures électriques. "En tant qu’infirmière libérale, je dois échanger avec les généralistes et spécialistes de mon territoire, raconte-t-elle. Mais je me retrouve très souvent en difficulté pour les contacter. Je perds un temps fou à les joindre, ce qui peut engendrer une rupture de soins pour les patients." Appréciant le travail en équipe, elle a souhaité agir pour amener de la coordination sur son territoire et ainsi améliorer la prise en charge des patients et leur accès aux soins.

"Mon idée a cheminé progressivement. Juste avant la crise sanitaire, j’ai commencé à chercher un local sur mon territoire, dans l’idée de créer une MSP, explique-t-elle. Mais en zone rurale, il est difficile de trouver des bâtiments." C’est ainsi qu’avec son mari, ils pensent à la construction de la structure. Myriam Scarpino en parle aux médecins de son territoire, qui trouvent tous l’idée intéressante. "Mais n’ayant pas de projet finalisé, j’ai rencontré des difficultés à les mobiliser concrètement", regrette-t-elle. Arrive la crise sanitaire et le projet se retrouve à l’arrêt, avant que le couple ne se remotive. "Finalement, nous avons revu un architecte, et avons décidé de nous lancer dans la construction du bâtiment, qui devrait être finalisé à l’été 2023", précise l’infirmière.

 

Un manque cruel de médecins sur le territoire

Pour l’heure, aucun professionnel de santé ne s’est encore manifesté pour intégrer la structure. "D’un autre côté, nous avons lancé la construction du bâtiment sans vraiment les informer de notre projet", reconnaît-elle. Et pour y remédier, le couple a communiqué dans le journal local, engendrant quelques retombées du côté des professionnels de santé.
Le binôme organise une réunion le 9 décembre prochain, à laquelle tous les professionnels médicaux et paramédicaux installés à 30 km aux alentours d’Henriville, ainsi que les remplaçants, ont été conviés. "Nous verrons bien s’ils répondront présents, espère-t-elle. Pour devenir une MSP, nous avons besoin de deux médecins généralistes, et c’est d’autant plus important que nous en manquons cruellement sur notre territoire, tout comme les spécialistes. Nous avons des délais d’attente de six mois pour les rendez-vous. Nous aimerions d’ailleurs développer la téléexpertise avec des spécialistes notamment."

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