Article publié dans Concours pluripro, octobre 2025
On parle de plus en plus de soins écoresponsables. Quel rôle peut jouer le pharmacien ?
Le pharmacien étant à la fois un professionnel de santé et un commerçant, la question de l'écoresponsabilité se pose différemment des autres professionnels. L'association Pharma Système Qualité a déterminé trois univers où peut intervenir le pharmacien : son organisation interne (consommation d'énergie, équipement, logistique fournisseurs, gestion d'équipe...), la relation client (front office et sensibilisation du public aux questions d'écoresponsabilité) et la gestion des déchets, plutôt bien appréhendée par les pharmaciens (médicaments non utilisés, Dasri, points de collecte)...
Chaque jour, 4 millions de personnes franchissent la porte de la pharmacie. Il est évident que le pharmacien a un rôle important à jouer en matière de prévention, car avec le changement climatique, on va au-devant de grosses problématiques de santé publique : problèmes respiratoires, troubles cardiovasculaires, cancers... mais aussi toutes les nouvelles maladies à venir.
L'association Pharma Système Qualité a lancé en 2024 la labellisation Ecor. De quoi s'agit-il ?
Cette labellisation valorise l'engagement environnemental de la pharmacie et se veut un accompagnement proche du terrain. Le pharmacien titulaire s'engage, et donc sa pharmacie, dans cette démarche d'écoresponsabilité. Point de départ : une auto-évaluation de ses pratiques et une visite sur site afin de déterminer les actions à mettre en place. Les pharmaciens ont aussi accès à un réseau d'échanges interne et collaboratif et peuvent assister à des ateliers qui font intervenir des experts de ces thématiques.
La dispensation à l'unité pour limiter le gaspillage des médicaments : quel impact en officine ?
C'est loin d'être simple car dès qu'on sort le médicament de son boîtage, qui est étudié pour transporter toutes les informations nécessaires, on le prive d'un numéro de lot, d'une notice... Il faut savoir qu'aujourd'hui, la dispensation à l'unité ne concerne que les antibiotiques et les opiacés. Mais en termes de sécurisation et de traçabilité, ce n'est pas facile, parce qu'il revient au pharmacien de pouvoir démontrer qu'il peut suivre le lot qu'il a distribué. Alors, si on entame une boîte, la personne à qui on la donne a bien le numéro de lot, mais les autres ? La dispensation à l'unité, est-elle utile ? Pour ce qui est de l'antibiotique, je pense que ça l'est parce que vous avez, en fonction des pathologies ou des personnes, des durées de traitement et des posologies différentes. Ce qui fait que les boîtes ne correspondent pas à toutes les posologies qui existent. Ça peut donc avoir un intérêt pour des traitements aigus... bien qu'il y ait très peu de pertes lorsque les personnes suivent bien leur traitement. La dispensation à l'unité n'améliorera donc pas forcément l'observance au traitement. Il y a plutôt un travail important à réaliser en termes d'adhésion.
Notre association milite depuis des années pour la reconnaissance de la préparation des doses administrées (PDA), ces semainiers fermés ou ces sachets que l'on prépare pour les personnes en établissement ou celles qui ont du mal à gérer leur traitement. Je pense qu'on aurait davantage intérêt à reconnaître cette activité avec l'élaboration de bonnes pratiques qui permettraient de les voir se développer au niveau du comptoir. Ça serait beaucoup plus impactant contre les médicaments non utilisés.