Comment est née l’idée d’une communauté d’échange autour des maladies chroniques ?
J’ai travaillé pendant trente ans dans l’industrie pharmaceutique, notamment chez les géants GSK ou Bayer. Lorsque cette dernière entreprise décide, en 2016, de racheter Monsanto, géant des herbicides et OGM, je me suis retrouvé en désaccord éthique et j'ai décidé de partir. Au cours de ma carrière, j’ai travaillé de près avec les ARS et les associations de patients et j’ai créé une équipe en charge d’optimiser les parcours de soins, ce qui m’a permis d’appréhender les besoins les préférences de malades. Le constat était que quelque soient les pathologies - diabète, asthme, Parkinson, sclérose, maladie neurologique, cardio-vasculaire, cancers…-, les parcours de santé étaient souvent très compliqués, avec de multiples intervenants et les soins n'étaient pas toujours faciles à coordonner.
Au-delà du diagnostic et des rendez-vous médicaux, les solutions, les trucs et astuces dont les malades chroniques et leurs aidants ont besoin ne relèvent pas tous du soin, mais de la vie quotidienne, de l’organisation… Et l’expérience que l’on a d’une maladie chronique peut être utile aux autres personnes qui en souffrent. C’est là que m’est venu l’envie, à 50 ans, de créer la start-up Héroic Santé, une plateforme d’échanges et collaborative pour l'amélioration de la vie quotidienne des malades et de leurs aidants. Il a fallu trois ans pour développer le projet, que nous avons lancé en novembre 2019. Aujourd’hui, nous avons 18 000 inscrits et nous visons 100 000 d’ici l’été.
Concrètement, que peuvent-ils trouver sur la plateforme Héroic Santé ?
Des espaces sécurisés, organisés et anonymisés, où ils peuvent échanger sur des thèmes aussi larges que "comment puis-je organiser mes vacances avec un enfant asthmatique ?", "quels sont les endroits les mieux adaptés si je dois faire une dialyse ?", "comment parler de mes douleurs chroniques à mes collègues de travail ?"... Soit ils se conseillent entre eux, soit Héroic Santé les oriente vers des solutions existantes. Ainsi, une start-up ou un service peut nous contacter pour nous présenter son offre qui, si elle se révèle pertinente, sera diffusée aux patients et aidants. Mais la grande innovation, c’est que les patients eux-mêmes peuvent imaginer de nouvelles solutions qu’Héroic Santé se propose de financer.
Comment financez-vous ces projets ?
J’ai passé des années dans l’industrie pharmaceutique à investir des millions d’euros pour comprendre les besoins des patients. Et je me suis dit que l’on pouvait fonctionner de la même façon à Héroic Santé mais à une plus petite échelle. Nous sommes également une société d’études et de sondages.