Article publié dans Concours pluripro, septembre 2024
 

L'accès aux soins et la territorialisation des services de santé ne sont pas des sujets limités aux frontières de l'Hexagone. En témoignent les données suivantes qui, colligées dans des environnements culturels, politiques et économiques distincts les uns des autres, traduisent la volonté des autorités sanitaires de promouvoir la territorialisation et d'assurer l'accès aux soins.

La Suède, d'abord – sachant qu'on pourrait faire des constats pratiquement identiques en observant les voisins scandinaves, le Danemark ou la Norvège –, où le système de santé est hautement décentralisé. Le gouvernement y détermine les objectifs et priorités, et son rôle est celui d'un régulateur assurant une évaluation (via des agences indépendantes) et un contrôle financier.

Quant à la mise en oeuvre, elle laisse une très large liberté de manoeuvre et d'initiatives aux professionnels du terrain à l'échelon régional ou municipal. Ainsi, ce sont les 20 régions ou bien, par délégation, les près de 300 municipalités à qui il incombe d'assurer l'accès aux soins pour les 10 millions de Suédois. En pratique, un millier de centres de santé (soins primaires) sont ouverts au choix de la population. Ces centres sont presque tous des regroupements pluriprofessionnels, associant des travailleurs sociaux et des éducateurs. Ils sont très majoritairement sous statut public (même si coexistent des centres privés assurant des services comparables). Pour la plupart, le mode de rémunération est fondé sur une capitation, complétée par divers incitatifs, incluant une pondération "par la performance".

 

Géographie et électronique

L'Australie, ensuite, qui a entrepris, depuis le début des années 2000, une réorientation de son système de soins en priorisant les soins primaires et en instituant une rigoureuse graduation entre les différents niveaux de recours. Là aussi, l'offre en soins primaires est organisée autour de regroupements pluriprofessionnels, avant tout sur le binôme médecin-infirmier (avec une implication croissante de nurses practitioners), le cas échéant élargi avec la participation de diététiciennes, de physiothérapeutes et de travailleurs sociaux.

Cependant, compte tenu de ses caractéristiques géographiques et populationnelles (en particulier de larges zones quasi désertiques où les habitants sont très isolés), l'Australie a entrepris dès 2006 de développer à l'échelon fédéral un service "Health Direct" afin que chaque ayant droit accède le plus aisément possible au professionnel approprié. Ce service, dont la devise indique : "financé par le gouvernement afin – dans un contexte de haute qualité – de délivrer des informations en santé et fournir des avis", a été initié avec un accès téléphonique 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Et tout au long des quinze dernières années, il a été enrichi, d'abord par l'utilisation d'internet, puis par l'adjonction de nouvelles fonctionnalités comme l'accès (et les possibilités de partage) à son dossier médical personnel, ou encore des possibilités de télémédecine ou programmes de calcul de risque/prévention... Le territoire et l'accessibilité passent alors d'une conception géographique à un "périmètre" électronique !

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