Le prochain Président de la République favorisera-t-il l'installation des centres de santé ? C'est ce que demande la Fédération nationale des centres de santé (FNCS) dans son "Adresse" aux candidats, envoyée en copie à la presse le 17 mars. A trois semaines de l'élection présidentielle, la fédération détaille ses analyses sur l'organisation des soins primaires, ouvre de nouvelles perspectives et propose aux "postulants" de leur faire part de leurs positions dans ce domaine.

La FNCS rappelle d'abord que la réalité des déserts médicaux - de nombreux territoires peinent tout simplement à maintenir une offre de soins" - ainsi que les défis des territoires : vieillissement de la population, maladies chroniques... "Si la démographie des professions médicales est devenue un enjeu central des politiques publiques, cette dernière nécessite également une refonte de l’organisation des soins primaires'", pointe la fédération. Il s'agit aussi d'agir pour améliorer la prévention en santé : "La France présente des résultats médiocres en matière de prévention des principales pathologies. Nous sommes dans ce domaine en retard comparé à d’autres pays et celui-ci renforce les inégalités sociales et territoriales dans le domaine de la santé". 

L’objectif des cinq propositions adressées aux candidats est de "rééquilibrer" le système de santé dans sa globalité, et d’agir en faveur d'une réduction des inégalités sociales et territoriales de santé.

 

Favoriser l'installation

Pour la FNCS, l’aide au développement et à la création de centres de santé dans l’ensemble du pays doit s’inscrire dans un projet politique fort qui permettra la mutation de l’ambulatoire. "C’est aujourd’hui une nécessité pour répondre à l’ensemble des défis auxquels nous sommes confrontés et qui génère des iniquités territoriales et sociales pour les soins et la prévention", écrit-elle.

Elle liste ainsi les atouts de ce développement :

1/ Sortir du débat "pour ou contre" une obligation d’installation pour les médecins qui bloque toute l’évolution de l’ambulatoire.

2/ Développer un maillage national de structures d’exercice coordonné territoriales en créant un service public de premier recours pour garantir un accès équitable aux soins de tous les habitants dans tous les territoires. C’est la mission qui incombe à un service public territorial de santé (SPTS, tel qu’il avait été envisagé par la loi Touraine). Il permettra de lutter contre les inégalités de santé d’accès aux soins en favorisant une politique solidaire auprès des territoires plus vulnérables (ruraux, semi-rural, quartiers prioritaires). Cette proposition permet de ne pas toucher à la liberté d’installation avec un maillage de centres de santé territoriaux dans des périmètres à définir et des réseaux d’antennes pour irriguer en proximité. 

3/ S’appuyer sur un service public territorial de santé qui permet un exercice en équipe. Celui-ci est plébiscité par les jeunes professionnels de santé : les centres de santé cochent même toutes les cases : salariat, travail en équipe, possibilité de faire de la prévention, diversité des activités horaires choisis, pas de tâches administratives et de gestion de locaux. La notion d’équipe sera centrale dans le fonctionnement de la future offre en soins primaires. Elle permettra aux professionnels d’exercer leur métier et leurs responsabilités dans de bonnes conditions. L’enjeu est de leur garantir la capacité d’exercer la plénitude de leurs fonctions en cohérence avec leurs valeurs et leurs aspirations.

4/ Doter les citoyens et les décideurs politiques d’un outil, la seule réponse qui ne touche pas à la liberté d’installation est la création d’un maillage national efficace et reconnu pour promouvoir des politiques d’accès aux soins et de prévention dans l’ensemble des territoires et notamment dans ceux les plus en difficultés. De plus en plus d’associations et de collectivités locales sautent le pas et créent des centres de santé. 2 336 centres de santé recensés fin 2020 soit + 175 % en 20 ans et + 40 % de centres de santé médicaux et polyvalents en quatre ans et demi témoignant s’il n’en était besoin de la force de ce mouvement. Un schéma directeur national serait un garant d’équité territoriale.

5/ Faire le pari d’un système de santé rééquilibré et efficace avec une graduation des soins entre la ville et l’hôpital, qui favorise un exercice pluriprofessionnel et coordonné de la santé. Il permet de développer des coopérations entre les professionnels de santé. Il permet de répondre à la prise en charge des maladies chroniques et de développer une politique ambitieuse de prévention dans tous les territoires.

 

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