Article publié dans Concours pluripro, janvier 2025
 

Depuis avril 2023, sa casquette de directeur adjoint de l'offre de soins à l'ARS Île-de-France lui apporte un regard plus transversal sur le système de santé. Un regard qui s'inspire, glisse Koré Mognon, de sa riche expérience de terrain, en maison de santé, en CPTS, en centre de santé lors de ses premiers remplacements ou encore dans l'enseignement... Thésé depuis 2016, et détenteur d'un master 2 en économie de la santé à l'EHESP, le généraliste a toujours souhaité, dès sa formation, "comprendre le système de santé, afin de pouvoir aller plus loin que la simple prise en charge des patients", explique-t-il.

Assistant universitaire de médecine générale à la faculté de Paris 7, avec "un volet enseignement et un volet action sur le territoire", le médecin se voit proposer de créer une structure pluriprofessionnelle dans le nord de Paris, devenue la MSP Épinettes- Grandes Carrières en août 2019. Sa particularité : située dans les locaux de l'hôpital Bichat, elle a été créée en partenariat avec l'AP-HP. "Dans ce territoire pauvre en offre de soins primaires, avec plusieurs quartiers prioritaires de la ville, la MSP répondait à un vrai besoin. Et puis c'était là que j'avais fait mes études, là où je vivais... et cela faisait sens pour moi de m'y engager." D'autant que ce qui lui plaît, c'est de travailler avec l'hôpital, de ne plus être "chacun dans son couloir de nage", mais d'avoir "une vision large et partagée avec l'hôpital, la ville, les élus, les patients... C'est ensemble qu'on va réussir à dépasser les difficultés". Une vision que partage son directeur d'hôpital d'alors – François Crémieux, devenu directeur général de l'AP-HM – qui voulait "ouvrir l'hôpital sur la ville".

Avec la crise Covid, Koré Mognon met encore plus la main dans le cambouis : création des centres de dépistage avec la CPTS Paris 18 et en coordination avec l'AP-HP, gestion du centre de vaccination... Conseiller expert à la Cour des comptes (entre 2022 et 2023), il apporte son regard de terrain lors de la rédaction de rapports visant à décrire notre système de santé. Le 17 avril 2023, il fait ses premiers pas à l'ARS Île-de-France.

 

Se rendre utile

Une suite logique ? Oui et non, sourit-il. Parce qu'il n'a plus "les patients auxquels [il tenait]", parce qu'il "aime" le métier de généraliste et y reviendra "peut-être", car que la vie est faite d'"allers-retours". Pour autant, si son quotidien semble différent aujourd'hui, "l'objectif reste le même". Celui d'aider, se rendre utile, protéger le système de soin... "Mon poste d'enseignant, la MSP, la CPTS, les centres de dépistage et de vaccination étaient financés et soutenus par l'ARS. Je trouvais intéressant d'aller voir comment fonctionne cette agence qui peut paraître parfois éloignée du terrain, mais qui est très présente dans le soutien des professionnels au quotidien." Un parcours loin d'être une exception, assure-t-il car l'ARS emploie plusieurs personnes travaillant ou ayant travaillé dans des structures de soin, et qui font ainsi remonter les réalités et problématiques du terrain, aidant à orienter les décisions des directions et délégations départementales.

"Depuis mes débuts, j'ai lutté pour un accès aux soins pour tous et contre les inégalités territoriales et sociales de santé. Et je suis convaincu que c'est à travers la collaboration interprofessionnelle qu'on y parviendra..."

Pour Koré Mognon, le métier de généraliste évolue à l'image de la société, notamment le souhait de conjuguer une vie personnelle et d'être actif dans son métier "pour qu'il ait du sens". Et cela passe, assure- t-il, "par plus de pluripro à tous les niveaux, notamment la formation... Il faut du libéral, il faut du salariat, ne plus être dans l'opposition". Cela passe aussi par les CPTS, par plus de partage des tâches "voulu, réfléchi, coordonné" entre les acteurs, par la notion de responsabilité territoriale, les outils numériques... Et surtout, il faut "éviter de compartimenter la médecine générale" : "On ne peut pas avoir des généralistes qui font uniquement des soins non programmés ou uniquement des consultations longues ou que de la téléconsultation... La médecine générale, c'est un ensemble de tout ça. Il faut en avoir une vision englobante et non segmentée."

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