Nous voici à la croisée des chemins. L’œil aux aguets et les sens en éveil, nous contemplons – spectateurs privilégiés et acteurs dynamiques que nous sommes – le décloisonnement des frontières interprofessionnelles et la déconstruction des habitudes installées dès la formation initiale. Plébiscité par la ministre de la Santé (les MSP sont de "formidables outils face aux défis qui se dressent devant nous") et cité en exemple par les pouvoirs publics (on se souvient du souhait du président de la République de faire de l’exercice isolé "une exception d’ici à 2022" ou du plaidoyer d’Édouard Philippe qui souhaitait faire des maisons de santé "la norme"), l’exercice pluriprofessionnel plaît et convainc : plus de 1 200 MSP recensées et 400 en projets, 90 % des CPTS financées comptent une MSP qui porte la dynamique territoriale, indiquait le ministère de la Santé en mars dernier.



Karen Ramsay, rédactrice en chef

Nous en étions déjà convaincus, le congrès de la FFMPS l’a confirmé : "Le pluripro, ce n’est pas juste une idée, une intention. C’est une réalité (…) Vous apportez par vos actions auprès de vos patients, en équipe, au quotidien (…) la preuve que c’est bien la direction à suivre. C’est vous, minorité actuelle, qui provoquez le changement", lançait Pascal Gendry, président de la FFMPS lors de son discours d’ouverture. Ce changement, global et profond, doit concerner tant les différentes entités de l’organisation que sa structure même : comment mettre les compétences individuelles au service du collectif ? comment encourager l’émergence de nouveaux métiers tout en optimisant la dimension pluriprofessionnelle du travail en équipe ? comment favoriser la participation des usagers aux diverses actions ?

L’unité dans la diversité donc, mais aussi la diversité dans l’unité. Car l’objectif n’est surtout pas de se "fondre" les uns dans les autres ou de gommer les différentes spécificités et les plus-values. L’intérêt est d’amener des acteurs à mieux "faire ensemble" au service du patient. Ou, mieux, à "faire ensemble" avec le patient. Alors osons ! Faisons le pari qu’au prochain grand rendez-vous du pluripro les 13 et 14 mars 2020 à Bordeaux, le patient/l’usager sera pleinement inscrit dans l’organisation des soins. Que l’esprit collaboratif des équipes parviendra à éclairer les pouvoirs publics. Que les organisations syndicales ne seront plus monocatégorielles mais défendront les intérêts de toute l’équipe. Que le pluriprofessionnel redonnera du sens au soin et des couleurs au système de santé. Pour reprendre le slogan de campagne d’un ancien président de la République : le changement, c’est maintenant !

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