Article publié dans Concours pluripro, octobre 2024
 

Dès l'émergence du projet de la CPTS Hygie Nord-Essonne, validé en février 2020, la santé mentale a été au coeur des préoccupations, affirme Claire Mollereau, sa directrice-coordinatrice. "La CPTS est née à l'initiale d'une association, l'institution Hygie, qui comptait un institut de recherche centré sur des problématiques de santé mentale", explique-t-elle. Le territoire de la CPTS étant aussi coporteur de la plateforme de coordination et d'orientation pour les troubles du neuro-développement (PCO-TND) – son médecin régulateur est vice-présidente de la CPTS –, la question de la santé mentale a essaimé dans tout le territoire. "D'autant que le diagnostic territorial a démontré un fort besoin, notamment un taux de mortalité par suicide supérieur à la moyenne départementale et nationale", poursuit-elle, ajoutant qu'il était donc "logique" de construire un parcours santé mentale au sein de la CPTS.

Celui-ci se décline en six actions visant à optimiser les parcours des patients souffrant de maladies psychiatriques chroniques et à améliorer la prise en charge des situations de crise et d'urgence psychiatrique. Le tout premier parcours à être expérimenté est une unité de soins intensifs psychiques ambulatoires (Usipa) visant à proposer une alternative à l'hospitalisation psychiatrique afin de prendre en charge en ambulatoire les urgences : états de détresse psychique, risque suicidaire identifié mais avec refus d'hospitalisation, symptômes de repli et de rupture avec le milieu scolaire et familial, désocialisation... Ce suivi était assuré quotidiennement par un membre de l'équipe (médecin généraliste traitant, psychiatre, psychologue, psychanalyste) épaulé par les autres médecins de la MSP de Paray-Vieille-Poste, porteuse de l'expérimentation. "Ces permanences ont permis d'accompagner cette phase critique", précise Claire Mollereau, qui indique que le manque de psychiatres et de médecins assurant des suivis psychiatriques a limité le déploiement du parcours à l'échelle du territoire de la CPTS. "Aujourd'hui, il est uniquement proposé à l'échelle de la MSP de Paray-Vieille-Poste, siège de notre CPTS. En 2023, 904 consultations ont été réalisées grâce à la mobilisation de 16 professionnels."

 

Un parcours par an

En partant des éléments du diagnostic territorial – taux de décès par suicide largement supérieur à la moyenne en Île-de-France, faible densité de médecins psychiatres, ou encore forte hausse des arrêts maladies pour pathologies psychiques/psychiatriques ces dernières années –, un plan quinquennal de santé mentale 2023-2027 a été établi sur le territoire afin de "réduire la morbi-mortalité liée à la santé mentale et ses comorbidités organiques et sociales" et d'accompagner les professionnels en "développant [leurs] connaissances", "en créant des filières de prises en charge [...] entre premier et second recours" et en tissant des liens interprofessionnels, poursuit la directrice-coordinatrice.

Dans la pratique, la CPTS compte "créer chaque année, pendant ces cinq ans, un parcours propre à chaque tranche d'âge", précise Claire Mollereau. Première cible : les enfants de 2 à 7 ans, car "la mise en place du plan quinquennal a coïncidé avec la mise en place de la PCO qui prend en charge cette tranche d'âge avec un focus sur les toubles du neurodéveloppement, les troubles du spectre de l'autisme (TSA) ou encore, les troubles affectifs associés". Parmi les partenaires : les centres médico-psychologiques (CMP), la PCO ou encore la plateforme de diagnostic autisme de proximité (PDAP). Un enjeu crucial en raison de la forte prévalence de ces troubles. En 2024, cette filière de prise en charge a permis à une centaine d'enfants de 2 à 7 ans de bénéficier d'une prise en charge dédiée.

Par ailleurs, dans le cadre du lien ville-hôpital, des réunions de concertation (aide au repérage, au diagnostic et à l'orientation des enfants souffrant de troubles psycho-affectifs et/ou de TND/TSA) ont été initiées et déployées sur le territoire par la MSP de Savigny-sur-Orge entre professionnels salariés, libéraux et hospitaliers. La CPTS Hygie Nord-Essonne participe aussi à la création du service d'accès aux soins psychiques départemental, SAS Psy 91, porté par l'hôpital.

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