Pourquoi vous être lancé sur Instagram ?

J’ai commencé comme remplaçant. J’aimais expliquer les situations, les traitements et mes choix aux patients, mais j’étais parfois un peu frustré du manque d’intérêt de certains, peut-être parce que je n’avais pas le même mode de fonctionnement que leur médecin habituel… J’ai voulu faire un blog pour parler de médecine au quotidien, mais ma compagne m’a dit d’aller sur Instagram où, à ma connaissance, aucun médecin ne faisait de vulgarisation. Ça a rapidement pris !

Quelle est votre ligne éditoriale ?

Mon feeling a créé ma ligne éditoriale : mettre des mots simples sur des choses considérées à tort comme compliquées, et offrir le point de vue du praticien au grand public. La relation médecin-patient est particulière, et je pense qu’inviter les gens à se mettre à la place de l’autre peut aider à leur compréhension. Ça m’a amené à créer plusieurs rubriques : « Vie de médecin », « Le saviez-vous ? » ou « Idées reçues », par exemple. L’idée générale, c’est de faire à mon niveau quelque chose d’utile à la santé publique. J’ai fait le choix du tutoiement, de la proximité – j’appelle tout le monde « les loulous » (rires) ! Et mon slogan est le même que lorsque j’accueille mes patients en consultation : « Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? ».

 

 

Quelles sont les règles que vous vous imposez ?

Avant de publier des infos médicales, je me renseigne en amont, et je tente au maximum de citer mes sources. Quand je donne des infos non officielles, ou des avis personnels, je le dis clairement, c’est important. Je suis également très attentif aux retours : il m’est arrivé de dire des choses inexactes ou incomplètes. L’avantage d’Insta, c’est l’interactivité, j’ai donc pu me corriger grâce aux commentaires et aux messages reçus.

Comment avez-vous vécu la crise du Covid-19 ?

Bien avant le confinement, mi-février, j’ai fait un article sur le coronavirus. Ça a fait un petit buzz, je ne m’attendais pas à cela ! C’était juste un résumé objectif des informations disponibles à l’époque, et c’était assez optimiste (c’est ma marque de fabrique !). J’ai vu arriver 17 000 abonnés d’un coup, ce qui a montré que le sujet laissait peu de monde indifférent.

Depuis, j’essaie de varier, mais environ un post sur trois y est consacré parce que c’est impossible de passer à côté. J’ai surtout relayé et expliqué les recommandations de la Direction générale de la santé. Mais la demande est très forte, les gens ont besoin de se faire leur avis ! J’avais fait un live juste après l’annonce du confinement, je n’ai jamais eu autant de personnes en direct.

Comment réagissent vos followers ?

Dans la charte que je m’impose (voir ci-dessous), je ne réponds jamais à des demandes qui pourraient s’apparenter à une consultation. J’ai eu beaucoup de messages privés, avec des gens qui me posaient des questions : « Est-ce que je suis à risque ? », « Estce que je suis exposé ? » J’ai même reçu des audios de parents qui avaient enregistré la toux de leur enfant… C’est parfois compliqué à gérer, même si je comprends l’inquiétude des gens, mais c’est important de respecter cette charte : pas d’avis médical.

Personnellement, qu’est-ce que vous en retirez ?

Sur Insta, c’est un peu la notoriété par la notoriété, la culture du star system… Mais je m’y retrouve quand même parce que ça a nourri mon activité. À 29 ans, lorsque j’ai commencé à exercer, je manquais de confiance en moi, je ne me sentais pas toujours légitime à prendre des décisions médicales compliquées. Ça m’a aidé à m’affirmer, notamment grâce aux retours positifs. En tant que praticien, c’est aussi très intéressant de s’ouvrir à l’état d’esprit des « patients » dans un autre contexte. Sur les réseaux sociaux, ils ont moins de filtre, et c’est enrichissant.

Et puis, c’est comme un auto-DPC : parfois, les gens me posent des questions qui me poussent à me renseigner. Je suis un jeune praticien, et je n’ai pas honte de dire que je n’ai pas toutes les connaissances sur tous les sujets médicaux. Pour vulgariser, il faut avoir bien compris et assimilé, et ça m’oblige à aller au fond des sujets. Il m’est même arrivé de me motiver à faire des posts pour pouvoir réviser !

 

 

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