"Nous savions.

Depuis de nombreuses années, nous sommes, dans le quotidien de nos consultations, confrontés à l’aggravation de la souffrance sociale. De nos lieux de soins et de santé, nous alertions sur la tension, le ressentiment montant face aux méthodes d’intervention policières, au départ des services publics de nos quartiers, l’aggravation de la précarité, l’augmentation de la vulnérabilité face à la maladie…

Nous écoutons cette jeunesse nous dire sa désespérance à trouver une juste place dans la société. Nous entendons le désarroi des parents face aux comportements de leurs enfants de plus en plus en rupture avec le monde du travail. Bien sûr, nous nous réjouissons des belles réussites d’une grande partie de la jeunesse des quartiers. Mais le constat est indéniable : la souffrance sociale augmente et l’explosion de la colère destructrice était prévisible.

Qui nous écoute ? Qui nous entend ?

Nous ne pouvons pas être des témoins passifs. Notre rôle est dans l’urgence de ‘soigner’ le symptôme social comme le font les maisons et nos centres de santé participatifs en organisant des consultations dédiées pour écouter le désarroi de nos patients, en réunissant des groupes de paroles avec les habitants.

Le temps va venir où les politiques publiques, contraintes de réagir, vont tenter d’élaborer de nouvelles actions, de nouveaux dispositifs, de nouveaux moyens. Les professionnels de la santé qui travaillent au sein des quartiers populaires ont leur mot à dire. Plus que jamais nous devons assumer nos responsabilités et être force de propositions sur les thérapeutiques nécessaires pour faire reculer la souffrance sociale. Nous pratiquons le ‘aller-vers’  la population pour la soutenir dans l’épreuve, nous participons à la promotion de la santé, nous luttons pour l’accès aux droits, nous avons acquis des compétences, des savoir-faire, qui nous donnent la légitimité à agir avec les associations citoyennes et les élus de nos quartiers. Ne restons pas enfermés dans nos cabinets de soins.

La pratique de la médecine sociale, le déploiement de la santé communautaire/participative font partie de la thérapeutique pour redonner aux habitants de nos quartiers, une dignité et l’espoir de vivre mieux dans nos cités populaires dont les richesses ne sauraient masquées la violence qui s’exprime aujourd’hui."

Didier Ménard
médecin généraliste

Coopérative communautaire santé bien-être
Quartier Franc-Moisin
Saint Denis 93200

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