La formation vit une petite révolution. Celle d’un apprentissage commun, dès les bancs de l’université, qui réunit à la fois des médecins, des infirmières, des kinés, des pharmaciens, des patients même… Et pour certaines facultés, qui ont instauré depuis quelques années cette transversalité à l’ensemble des études en santé – à l’instar de Lille, Angers, Rennes ou encore Strasbourg –, cette révolution s’est inscrite dans une vraie dynamique d’évolution des modes d’apprentissage et d’acquisition des savoirs. Si, pour le professionnel de santé, la toute première étape consiste à se former à un métier et à consolider son socle de compétences, la deuxième – et toutes les suivantes –, positionne ces compétences au sein d’un écosystème en miroir de celles des autres. Ce qui, dès lors, ouvre véritablement le champ des possibles.

Qu’elle soit initiale ou continue, la formation permet d’acquérir de nouvelles compétences, utiles pour remplir ses missions. Mais sous une forme pluriprofessionnelle, elle amène le soignant à aller plus loin, car elle favorise une meilleure connaissance des autres métiers, améliore le travailler-ensemble et permet une utilisation plus pertinente des différentes compétences. Se former ensemble, c’est envisager des pistes de réflexion autour d’une même problématique de santé. C’est apprendre à diagnostiquer une pathologie mais aussi le parcours de soin à dessiner. C’est créer des liens privilégiés avec d’autres étudiants ou professionnels présents sur le même territoire. C’est parvenir à décloisonner, pour enfin réseauter.

Pour beaucoup, le service sanitaire permet ce premier réseautage. Car en rassemblant des étudiants de différentes filières pour effectuer ensemble des actions de promotion de la santé, ce dispositif leur offre la possibilité de "se connaître, de travailler ensemble, de développer un langage commun, d’identifier les compétences de chacun et de les potentialiser. Cette découverte se fait également au mieux lors des stages, des lieux d’apprentissage "en live", au pire directement sur le terrain. Trop tard donc, beaucoup trop tard.

"Formation pluriprofessionnelle, un acte manqué ?". Notre dossier traduit à la fois la forte conviction des acteurs confrontés à la réalité du terrain et la difficulté de mettre en place une telle formation. "On a besoin d’un changement de paradigme", lance une médecin. Et la formation (qui plus est pluriprofessionnelle) est un préalable à toute conduite du changement.
 

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