Article publié dans Concours pluripro, janvier 2024
 

Dans un contexte de raréfaction de l'offre de soins face à l'augmentation des besoins d'une population vieillissante, il faut inventer de nouveaux modes d'organisation. Le 19 décembre dernier, aux dernières Tribunes de la santé, Thomas Fatôme, directeur général de l'Assurance maladie, a rappelé à titre liminaire cette nécessité pour être en mesure d'assurer des soins de qualité. Avant de développer son exposé sur plusieurs expérimentations issues de l'"article 51", un dispositif qu'il estime être un "moteur assez puissant" pour transformer le système de santé.

"L'article 51 balaye de manière assez large les populations concernées, qui sont des patients du système de santé à un titre ou à un autre", a-t-il affirmé. Article introduit lors de la LFSS de 2018, ce dispositif dérogatoire, au copilotage Cnam et ministère de la Santé, permet de financer l'expérimentation de modèles coconstruits par les acteurs de terrain et les institutions. Pour appuyer son propos, le directeur général de la Cnam a présenté quatre expérimentations "article 51" qui transforment, chacune à leur manière, le système de santé.

 

"Une coordination forte"

En premier lieu, l'expérimentation "Mission : retrouve ton cap", qui traite de la prévention du surpoids et de l'obésité infantile. "L'idée est assez simple. Nos systèmes de prise en charge sont insuffisants, car ils ne couvrent pas toutes les prestations (psychologie, diététique, activité physique [des prestations non remboursées dans le droit commun, NDLR]....). Pour être efficace dans ce domaine-là [la prévention de l'obésité infantile, NDLR], il faut une coordination forte des différents corps de professionnels et une approche pluridisciplinaire." Pour Thomas Fatôme, il y a donc nécessité de construire un parcours de prise en charge et d'établir des modes de rémunération différents. Il évoque notamment la mise en place via "Mission : retrouve ton cap" de forfaits financés à 100 % par l'Assurance maladie qui rémunèrent les bilans d'entrée et les séances de suivi pluriprofessionnelles. "C'est un bel exemple, d'autant que 'Retrouve ton cap' a été lancé assez tôt. Cela a suffisamment bien marché pour qu'il bascule dans le droit commun par la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2022. Les évaluations ont montré une amélioration de la prise en charge, ainsi qu'une diminution intéressante des risques de bascule dans l'obésité."

L'expérimentation "Onco'Link" est un deuxième exemple d'innovation, cette fois-ci dans la pratique de certains métiers. L'objectif de ce dispositif est de proposer un accompagnement individualisé et à distance à des patients sous chimiothérapie orale, par des équipes hospitalières ainsi que par des professionnels de ville (pharmaciens d'officine notamment). La collaboration resserrée entre ces professionnels permet une prise en charge coordonnée et attentionnée autour du patient. "Il faut assurer le suivi de la prise en charge, les bilans réguliers et la remontée vers les équipes hospitalières."

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