Article publié dans Concours pluripro, décembre 2023
 

On le sait, la totalité des pays développés ont entrepris, depuis une vingtaine d'années, une sérieuse réorganisation de leur système de soin. Cela tient principalement au vieillissement des populations, à la chronicisation des multimorbidités qui touchent les seniors et à la nécessité de faire face au surcroît de ressources humaines et financières qui en résultent. Simultanément, et dans l'ensemble de ces mêmes pays, les évolutions sociétales ont concerné aussi bien les patients – qui aspirent souvent à être mieux entendus – que les professionnels de santé, dont les conceptions de l'exercice professionnel et les attraits de la vie personnelle sont reconsidérés.

La priorité est donc donnée partout aux soins (de santé) primaires, ce qui valorise, en ambulatoire, la proximité, la continuité et la globalité. Dans les faits, on assiste à des regroupements pluriprofessionnels, au sein desquels la coordination s'épanouit, au bénéfice des patients.

Les chantiers sont donc considérables, allant des représentations professionnelles, organisées en silos, aux pouvoirs publics, aux politiques et aux médias jusqu'aux institutions de formation, le tout sur un fond d'innovations technologiques permanentes. Reste la question des modes de rémunération des uns et des autres, sujet ultrasensible.

 

Privilégier la "valeur" au "volume"

Précisément, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a publié, en avril dernier, un document* de synthèse sur cette question. Ce document – très opportunément sous-titré "Débutons modestement, démontrons l'intérêt, puis développons" – d'une cinquantaine de feuillets révèle à quel point les modes de rémunération constituent un sujet majeur dans le périmètre de la trentaine de pays de l'OCDE (ce qui pourrait contribuer à décomplexer nos débats hexagonaux).

D'abord, le rationnel sur lequel fonder ces nouvelles rémunérations. C'est l'évolution principale, qui privilégie la "valeur" au "volume". On retrouve ainsi de nombreux travaux – principalement nord-américains, dans la dynamique de la réforme "Obamacare" – qui privilégient le high-value au high-volume, c'est-à-dire l'utilité/efficacité des médecins et soignants par rapport à l'activité (le nombre d'actes). Et trois dimensions sont mises en avant pour jauger cette utilité/efficacité : les résultats objectifs (outcomes), le respect des bonnes pratiques et l'expérience patient.

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