"J'ai toujours travaillé en centre de santé, confie-t-il. Au départ, je n'ai pas choisi ce métier. Lors de mes études, j'ai découvert une ambiance très particulière et j'ai eu de mal à aller au bout de mon cursus particulièrement anxiogène." Mais pendant sa formation, il rencontre un "groupe d'amis dans le même esprit" que lui, avec une volonté de mettre en accord leurs valeurs et leur métier. Pour lui, une seule façon de les mettre en phase : travailler dans le service public. "Tout du moins dans des centres de santé et non d'ouvrir une entreprise, car ce n'est pas quelque chose qui me fait envie. Pour moi, nous pouvons difficilement concevoir les soins ou un métier de santé avec une notion de marchandisation. Dans mon activité, j'ai réussi à trouver un équilibre en ne prenant pas en compte cette donnée financière. Cela me permet d'être libre dans ma tête et de proposer des plans de traitement en accord avec les besoins des personnes que je soigne, sans penser à la marge financière qu'une prothèse ou un implant pourrait me rapporter. C'est un avis purement personnel, mais l'argent peut être un élément perturbateur dans la prise de décision d'un dentiste." Il rappelle qu'aujourd'hui 90 % des dentistes exercent en libéral, et que le salariat demeure "marginal" même si cela est "en train de changer, notamment en Île-de-France".
"Actuellement, je me bats, avec d'autres dentistes, pour une reconnaissance de l'exercice en centre de santé. Cela passe par la défense d'un statut de praticien hospitalier en centre de santé, une revendication aussi portée par des médecins", précise-t-il.
"Avec mes collègues, je cherche à faire connaître ce type d'exercice auprès des jeunes générations. On accueille des étudiants de dernière année lors d'un stage d'intérêt général. Prochainement, nous irons dans les facultés pour expliquer concrètement notre métier à contre-courant de l'exercice libéral. Cet aller-vers les facultés est essentiel pour pérenniser ces lieux de santé de proximité, de soins et de promotion de la santé – où sont pris en charge tous ceux qui le souhaitent", déclare-t-il avec conviction.