Article publié dans Concours pluripro, septembre 2024
 

À bord du centre de santé dentaire mobile, formidable outil d'"aller-vers" créé en 2020 par le conseil départemental, il pratique son métier en "toute liberté", en accord avec ses valeurs.

"Je possède deux exercices, l'un en milieu carcéral et l'autre en centre de santé", révèle Jérémie Bazart, chirurgien-dentiste, membre de l'association Acteurs de la santé publique bucco-dentaire et dentiste référent du centre de santé dentaire. "J'ai également travaillé dans un centre de santé de l'Assurance maladie." Avec le département, il essaye de "recentrer l'activité de dentiste sur les soins en déléguant ou en protocolisant avec les assistantes dentaires, les auxiliaires de puériculture le repérage des pathologies bucco-dentaires. L'objectif est de véritablement les inclure dans une démarche de santé publique."

Le centre de santé dentaire mobile départemental "est composé d'un bus entièrement autonome, aménagé en cabinet dentaire et de deux unités mobiles, qui permettent 'd'installer' un cabinet dentaire en vingt minutes dans une salle mise à disposition. On peut donc proposer un dépistage, des premiers soins (détartrage, soins de caries, extractions précoces...) et une orientation vers les professionnels de ville", explique le chirurgien-dentiste.

 

Soigner sans penser à la marge financière

"J'ai toujours travaillé en centre de santé, confie-t-il. Au départ, je n'ai pas choisi ce métier. Lors de mes études, j'ai découvert une ambiance très particulière et j'ai eu de mal à aller au bout de mon cursus particulièrement anxiogène." Mais pendant sa formation, il rencontre un "groupe d'amis dans le même esprit" que lui, avec une volonté de mettre en accord leurs valeurs et leur métier. Pour lui, une seule façon de les mettre en phase : travailler dans le service public. "Tout du moins dans des centres de santé et non d'ouvrir une entreprise, car ce n'est pas quelque chose qui me fait envie. Pour moi, nous pouvons difficilement concevoir les soins ou un métier de santé avec une notion de marchandisation. Dans mon activité, j'ai réussi à trouver un équilibre en ne prenant pas en compte cette donnée financière. Cela me permet d'être libre dans ma tête et de proposer des plans de traitement en accord avec les besoins des personnes que je soigne, sans penser à la marge financière qu'une prothèse ou un implant pourrait me rapporter. C'est un avis purement personnel, mais l'argent peut être un élément perturbateur dans la prise de décision d'un dentiste." Il rappelle qu'aujourd'hui 90 % des dentistes exercent en libéral, et que le salariat demeure "marginal" même si cela est "en train de changer, notamment en Île-de-France".

"Actuellement, je me bats, avec d'autres dentistes, pour une reconnaissance de l'exercice en centre de santé. Cela passe par la défense d'un statut de praticien hospitalier en centre de santé, une revendication aussi portée par des médecins", précise-t-il.

"Avec mes collègues, je cherche à faire connaître ce type d'exercice auprès des jeunes générations. On accueille des étudiants de dernière année lors d'un stage d'intérêt général. Prochainement, nous irons dans les facultés pour expliquer concrètement notre métier à contre-courant de l'exercice libéral. Cet aller-vers les facultés est essentiel pour pérenniser ces lieux de santé de proximité, de soins et de promotion de la santé – où sont pris en charge tous ceux qui le souhaitent", déclare-t-il avec conviction.

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