Article publié dans Concours pluripro, juin 2024
 

Les "déserts médicaux" – expression détestable* – mais qui a fait florès jusqu'à devenir aujourd'hui indétrônable, ne sont pas un problème spécifiquement français. Bien au contraire. En effet, à quelques variations près, le déficit de médecins est ressenti dans la plupart des pays développés, quelles que soient l'organisation ou les modalités de financement de leur système de santé. De surcroît, ces déficits ne concernent pas les seuls médecins, mais d'autres professions de santé, singulièrement les infirmières.

À cela, on trouve deux raisons principales qui, elles aussi, peuvent être invoquées à l'échelle du périmètre des pays de l'OCDE. D'abord, les générations montantes (hommes et femmes confondues) ont radicalement modifié leur équilibre vie personnelle/vie professionnelle au détriment de la disponibilité aux patients, ce qui engendre mécaniquement une pénurie. Ensuite, la désaffection pour les soins de proximité (ou de premier recours ou encore primaires) manifestée par une bonne majorité des jeunes diplômés – combinée à une lassitude précoce des générations précédentes – persiste ; et cela, en dépit d'un retour en grâce de bien des aspects de cet exercice, même si le sous-financement global, en regard des autres secteurs du système de soins, reste criant.

 

Vers plus de "teamwork"

Devant cet état de fait, les politiques initiées, toujours dans le même périmètre géographique, sont proches de ce qui a été mis en oeuvre en France depuis près de vingt années. Et avant tout fléchées prioritairement sur les seuls médecins. C'est, bien sûr, le recours à des diplômés étrangers (avec, le plus souvent, un accompagnement juridique et social bien davantage marqué de pragmatisme qu'en France). Et puis les politiques incitatives qui se traduisent par des facilités faites aux étudiants "ruraux" dès la faculté ou bien au moment de l'installation... le tout contre un engagement pour exercer dans une zone sous-dotée pendant un certain temps.

Ainsi, à l'université du Minnesota aux États-Unis (où le constat a été fait depuis des années que les 20 % de ruraux de la population américaine ne bénéficiaient que de 10 % du corps médical).

Et, sans surprise, ces politiques incitatives, coûteuses, ne marchent pas beaucoup mieux qu'en France. Au point que l'université Monash de Melbourne finance actuellement une étude afin de mieux cerner les profils des étudiants qui pourraient être intéressés par de tels programmes incitatifs !

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