Article publié dans Concours pluripro, février 2022

Voilà plus d’une décennie que le mouvement de regroupement des professionnels est manifeste à l’échelle de l’ensemble des pays développés. Ce mouvement a révélé deux domaines de compétences – capacité de leadership et de management – qui étaient jusque-là plutôt méconnus sinon mésestimés dans le secteur de la santé. Au demeurant, ces compétences sont réputées relever le plus souvent d’une appétence et de dispositions propres à chaque individualité et, par là, restent à la périphérie des cursus des formations initiales des professionnels de santé. On peut le regretter. Et c’est à l’initiative de ces professionnels dotés d’un puissant leadership personnel que des organisations de soin innovantes (opérant le plus souvent à la limite des textes réglementaires ou même au-delà) ont vu le jour au cours des quinze dernières années. Ces leaders étaient capables d’intéresser ou d’entraîner d’autres soignants/ médecins autour d’eux et d’assurer la mise en œuvre d’un projet. C’est ainsi que la plupart des maisons de santé se sont développées au début des années 2000 (et en remontant encore en amont, c’est également comme cela que les "réseaux" avaient émergé tout au long des années 1990).

Trois facteurs clés

L’importance du leadership est également apparue déterminante dans la presse internationale. Dès mars 2014, dans Annals of Family Medicine, Thomas Bodenheimer et ses coauteurs faisaient de l’engaged leadership – c’est-à-dire une forme de leadership qui encourage, favorise et renforce la participation de chacun à l’œuvre commune – le premier des dix blocs constituant les fondations de l’excellence des soins primaires. On peut rappeler que ce même Bodenheimer (vieux routier des soins primaires, formé sur la côte est, à Harvard, avant d’exercer plus de trente ans sur la côte ouest en ambulatoire, titulaire d’un master en public health et finalement professeur de family community medicine à l’université de Californie) avait publié en 2017, avec d’autres collègues, des recommandations ; la finalité, en synthétisant l’ensemble des "savoirs" d’alors, était d’identifier les trois facteurs clés déterminant la réussite des professionnels de santé qui se regroupent : d’abord le leadership et la coopération, ensuite la culture commune, enfin la coordination et la communication.

 

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