On peut fixer au fronton de tel ou tel hôpital des panneaux lumineux où l'on aura écrit "Urgences" ou "Maternité"... Mais si on pousse la porte et qu'on y cherche le gynéco, le pédiatre, l'anesthésiste-réanimateur qu'il faudrait en cas de pépin et qu'ils ne sont pas là ? Comme dans la Russie de la Grande Catherine, à la fin du XVIIIe siècle, pour masquer la misère, peut-on se contenter en France en 2025 de créer un paysage sanitaire qui ne soit qu'une série de villages Potemkine ? Le carton-pâte n'abuse pas longtemps. Finalement, on crée de nouvelles colères.
Ces chiffres sont incontournables. Alors que faire ? Pour le système de santé, il n'y a pas 36 réponses. Il faut d'abord apprendre à nous passer de médecins en ayant moins souvent besoin de soins, parce que, par une vie plus saine, on se portera mieux. Il faut apprendre ensuite à nous passer de médecins en ayant un meilleur usage de ses soins et en évitant d'obérer du temps médical à son profit au détriment de celui qui serait plus utile à d'autres. Il faut s'adresser au bon endroit, au bon moment, où il le faut, quand il le faut. Et pour cela, il faut renforcer par tous les moyens la coordination des soins (dont Concours pluripro est un important vecteur), mettre en place une gradation complète de toute la chaîne de soins et développer des métiers sanitaires (IPA et autres, qui ne soient pas médicaux), si utiles à la santé.
Frugalité, responsabilité et, en échange, organisation impeccable ne laissant personne sur le bas-côté, où qu'il soit, quel qu'il soit.
Il y a, en revanche, beaucoup plus de réponses à apporter dans les domaines sociaux, éducatifs, sportifs, alimentaires, économiques, culturels, en matière d'aménagement du territoire, pour parvenir enfin à un système de santé juste et équilibré où la médecine et la science pourront s'épanouir pour le plus grand bienfait de tous. Ceci est l'affaire de tous, vraiment, des élus mais aussi de chacun, par le développement des activités de solidarité et de partage, soins apportés aux êtres comme les jardiniers en apportent aux roses pour évoquer Saint-Exupéry qui se voyait si laid et Consuelo qui avait tout pour elle et qui le trouva beau."