Vous participez au projet de recherche PrévIPAge. Sur quoi porte ce dispositif ?

Ce projet de recherche a été lancé il y a deux ans, porté par le CHU de Nantes et Nantes Université, avec le soutien fi nancier du mécénat Axa 2022. PrévIPAge vise à prévenir la perte d’autonomie en s’appuyant sur une infi rmière en pratique avancée qui intervient en amont pour évaluer, prévenir et accompagner la personne âgée vivant à domicile. Le premier indicateur que nous avons choisi est celui de la chute. J’ai été contactée car l’équipe de recherche souhaitait impliquer une IPA de soins primaires dans l’écriture du protocole corédigé, du fait de son caractère pluridisciplinaire, avec le Pôle fédératif des soins primaires, le pôle de gérontologie clinique, le service de santé publique, le Centre nantais de sociologie, le laboratoire « Motricité, interactions, performance » de l’université de Nantes, mais aussi l’Association pour le développement de l’exercice coordonné pluriprofessionnel en Pays de la Loire (APMSL).

Sur le terrain, PrévIPAge embarque des IPA, des enseignants en activité physique adaptée et des médecins généralistes de Loire-Atlantique et de Vendée, pour observer l’intérêt du suivi personnalisé et régulier de l’IPA, et voir s’il y a une incidence sur la santé des personnes.

Quelle place pour l’IPA dans la recherche en soins primaires ?

D’abord, c’est intéressant en tant qu’IPA de travailler sur les nouvelles organisations, l’exercice coordonné… C’est l’essence même de notre nouvelle profession. Et pour les autres, ça leur permet de travailler avec ces professionnelles qui ont des compétences encore souvent méconnues. Donc la recherche peut aider à développer la connaissance du métier IPA.

L’IPA permet aussi d’avoir un autre regard, complémentaire à ceux des médecins, qui sont les plus souvent impliqués dans la recherche en soins primaires. Les médecins ont un statut qui les reconnaît dans cette compétence recherche, par leur attache aux départements de médecine générale : ils ont ce volet universitaire, ils sont reconnus comme maîtres de stage universitaires… Pour les paramédicaux, c’est beaucoup plus compliqué. Alors, pour moi, participer à ce projet de recherche, c’est une opportunité. Parce qu’en ville, rien ne nous est proposé. Je n’ai aucune légitimité à faire de la recherche, contrairement aux médecins. Il manque un statut, quelque chose qui permettrait aux professionnels de la ville, autres que des médecins, d’être reconnus dans ce rôle de chercheurs. Pour le moment, c’est compliqué. Mais la formation IPA, elle nous donne quelques billes.

Quel est le principal frein quand on veut faire de la recherche ?

La principale diffi culté aujourd’hui, c’est l’absence de fi nancement pour les équipes. Et on sait que faire de la recherche, ça prend du temps : quand on participe, quand on s’investit dans l’écriture d’un protocole de recherche... Et on passe beaucoup de temps, au départ, pour montrer aux autres l’intéret, mais ça nécessiterait d’être vraiment valorisé à hauteur du travail fourni.

Certains craignent aussi de s’impliquer dans la recherche parce qu’ils s’imaginent en rats de laboratoire ou de bibliothèque, avec le lien rompu avec le terrain. Il y a donc des contours à dessiner.

La recherche en soins primaires doit donc être pluriprofessionnelle et plurielle...

Tout à fait. La pluralité, c’est une force. Au quotidien, je travaille avec plusieurs professionnels au sein de la maison de santé : médecin, infi rmière, orthophoniste, psychologue, diététicienne, pédicure-podologue, sage-femme… Toute cette richesse, tout ce que l’on partage, sur des temps de concertation ou au moment du déjeuner de façon très informelle, ça apporte énormément de choses. La santé, ce n’est pas que la médecine. C’est bien plus large que ça. Avec mon équipe, on s’en rend compte quotidiennement : ma maison de santé est installée dans un quartier rencontrant des diffi cultés sociales diverses et variées, et on voit bien que la réponse est souvent plurielle. La recherche pluriprofessionnelle, c’est répondre à la réalité du besoin de la santé. Ça ne passe pas que par le regard du médecin.

 

 

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