Lancée en septembre 2023 au CMS de La Courneuve (Seine-Saint-Denis), Épidaure 2 est une étude "promue par l’Institut Jean-François-Rey (IJFR), l’organe de recherche des centres de santé, en collaboration avec l’EHESP et la Société française de médecine générale (SFMG)", indique Julien Le Breton, médecin généraliste au centre municipal de santé. "Aujourd’hui, il y a un marqueur fort dans le système de santé en soins primaires, celui du médecin traitant. En même temps, il y a une deuxième injonction, celle de la coordination et du travail en équipe." Il peut donc y avoir "une apparente contradiction" pour le patient, qui, "signant pour un médecin traitant, peut se retrouver avec une équipe traitante". Un facteur important car cela "peut avoir une influence sur le colloque singulier". L’idée de la recherche Epidaure 2, "c’est de décrire les avantages et les inconvénients, en prenant en compte les évolutions de soins primaires et les caractéristiques sociales des publics accueillis" en centre de santé.

L’objectif de l’étude, à laquelle prennent part huit autres centres de santé, est de "décrire les modalités d’organisation dans les centres de santé polyvalents et de les évaluer", précise Julien Le Breton. Épidaure 2 comporte deux volets : l’un qualitatif, réalisé par François-Xavier Schweyer, sociologue, pour lequel "50 à 60 professionnels ont répondu aux interviews" et dont "les analyses sur les modèles de coordination sont en cours". Mais aussi un volet quantitatif, confié à Julien Le Breton, composé d’une partie axée sur le patient et l’autre sur les professionnels de santé. "Il y a deux enquêtes par questionnaire. L’idée est d’évaluer la perception, l’expérience, la satisfaction des professionnels et des patients. Chaque bloc peut faire l’objet d’une analyse, mais l’idée reste avant tout de faire dialoguer les données pour bien comprendre le phénomène." Pour l’heure, seuls les patients et les professionnels du CMS de La Courneuve ont reçu les questionnaires, mais "l’idée est maintenant de les faire passer aux autres centres". Pas moins de 100 patients ont été inclus à La Courneuve, et "l’objectif est d’atteindre un total de 900 questionnaires côté patients".

Épices et Saphora-Job

Pour la partie patients, Épidaure 2 s’appuie sur le questionnaire Europep, validé pour la médecine générale, qui compte 23 items (durée de la consultation, intérêt à la situation personnelle du patient, implication dans les décisions…). "Ce sont des questions sur la prise en soin auxquelles nous avons greffé le score Épices*. Les premiers résultats à La Courneuve montrent une grande satisfaction globalement sur tous les items, ainsi qu’un véritable attachement des patients à leur structure de santé." Seul bémol, "la possibilité de contacter le centre ou de parler au médecin au téléphone. On est tout juste à la moyenne, on sent un mécontentement de ce côté-là. Cela nous a fait réfléchir à l’organisation et à la gestion de l’accueil et du standard tout comme à l’organisation des soins non programmés, l’autre item un peu en deçà du reste".

Côté professionnels de santé, "l’idée serait d’avoir 200 questionnaires afin de réaliser des analyses", indique le médecin, ajoutant que "37 soignants ont répondu au questionnaire dans ce premier centre" et que l’objectif serait de "terminer d’ici fin 2025". Pour ce volet, Julien Le Breton s’est inspiré du questionnaire Saphora-Job, validé par la HAS et le ministère du Travail, et qui "traite de l’organisation du contenu du travail, des relations entre professionnels, du développement professionnel, de la rémunération et de la reconnaissance, de l’encadrement, du droit du travail et de la direction".

Les résultats révèlent un "plébiscite côté travail" avec un "ciment idéologique autour des valeurs". Mais une "baisse des items sur la circulation de l’information" au sein de la structure. "Ce qui ressort également, c’est un cadre d’emploi plus complexe ou peut-être moins bien compris et inadéquat, ce qui rejoint une revendication de longue date des professionnels des centres de santé : la création d’un statut similaire à celui des praticiens hospitaliers."

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