Cocréatrice du Pôle de santé Chambéry en 2010, gérantede la Sisa et diététicienne de profession, Julie Cachard en est devenue la directrice en 2017, en charge des ressources humaines et des recherches-actions. Entre 2016 et 2022, elle a réalisé une thèse en santé publique portant sur l’expérimentation des dynamiques participatives des maisons de santé. Avec comme point de départ sa MSP qui porte le dispositif territorial "Impact" (itinéraire médico-social programme d’accompagnement sur un territoire), visant à améliorer la prise en charge de proximité des patients en situation médico-sociale complexe. "Je suis partie du constat que la manière dont les soins de première ligne étaient outillés pour répondre à ces situations [dans les quartiers populaires, NDLR] et pour accompagner ces personnes était assez inadaptée et que les pratiques participatives étaient l’une des clés pour pouvoir mieux les soigner, explique Julie Cachard. Car avec l’organisation du système de santé actuel, être diététicienne, infirmière, médecin au sein d’une équipe de soins de première ligne en maison de santé, en quartier populaire, c’est un enfer. On n’est pas efficace, c’est presque maltraitant pour nos patients, pour le système, les collègues sont en burn out… il fallait qu’on trouve nos propres outils."

Sa thèse – "Réexpérimenter la participation citoyenne dans les soins de première ligne : une recherche-action sur les dynamiques participatives au sein de maisons de santé en quartier populaire" – s’est appuyée sur 9 maisons de santé, "avec l’observation principale que, sans se connaître entre elles, elles font la même chose et elles vont décrire ces pratiques qui ne sont connues que depuis très récemment grâce à l’expérimentation Secpa, à laquelle participe notre maison de santé."

 

 

Un mieux-être visible

Car en permettant l’implication des habitants et des patients, les retombées sont visibles : une amélioration de la santé physique et mentale mais également un vrai impact sur les professionnels, qui ressentent un mieux-être dans leur pratique, et sur les organisations, avec l’émergence de partenariats, une réduction de la stigmatisation et la création de nouveaux services en santé dans des territoires où ils étaient plutôt déficitaires…

Mais l’étude fait ressortir aussi que certains professionnels de santé ont tendance à favoriser la proximité avec des patients avec qui ils en avaient déjà, jusqu’à observer une forme de "sur-représentation par rapport à la moyenne", explique Julie Cachard. Des frictions entre professionnels de santé ont aussi été rapportées, car certains craignaient une perte de contrôle liée à la participation. "Certains médecins sont allés jusqu’à quitter leur maison de santé parce qu’un autre médecin était pro-participation", révèle-t-elle, regrettant que les professionnels de santé ne soient pas initiés à la participation pendant leur formation initiale.

Les pratiques participatives dans les soins de première ligne induisent de nombreuses transformations favorables dans les relations interprofessionnelles et l’organisation des soins… encore faut-il savoir dépasser leurs effets négatifs pour ne garder que le positif. Pour atteindre cet objectif, la formation des professionnels de santé est déterminante. C’est pourquoi ses travaux de recherche se concentrent actuellement sur l’expérimentation d’un programme de formation Impact à destination des structures d’exercice coordonné intéressées par ces pratiques participatives.

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