Par ailleurs, un autre pan à prendre en considération est la modification du temps de travail. "L’accès direct peut potentiellement augmenter les délais d’attente, détaille Anthony Demont. Les professionnels devront “prioriser”. Et aussi prévoir des créneaux d’urgence disponibles dans la semaine, comme le font les médecins." Une habitude de pratique que les kinés ne connaissent pas suffisamment mais qui pourrait s’avérer très bénéfique pour les patients. "Cela permettrait de remettre rapidement en activité les patients atteints de troubles musculosquelettiques et ainsi éviter le risque que leurs douleurs se chronicisent." Une façon de réduire les cas complexes à traiter. « Derrière, ça garantit une baisse des dépenses de santé pour l’État, mais aussi moins de consultations réalisées et moins de handicap pour le patient. » Un combo gagnant, d’après Anthony Demont. "Au Royaume-Uni, au Canada, en Australie, aux Pays-Bas, en Suède et aux États-Unis, ils ont identifié une réelle réduction des prises en charge grâce à l’accès direct."
L’accès direct en exercice coordonné, est-ce la seule solution ? "Pas du tout, répond Anthony Demont. Un kiné n’est pas obligé d’exercer en centre ou en maison de santé pour que l’accès direct soit efficace." Pour celui dont la recherche fait partie du quotidien, l’important n’est pas la pratique en équipe mais le travail en équipe. "Si on autorise l’accès direct uniquement en MSP ou en CDS, cela va réduire sa portée, explique-t-il, car tous les kinés ne pratiquent pas de cette façon." En revanche, connaître les médecins exerçant sur son territoire reste primordial. "Il faut que les professionnels communiquent, mais cela n’existe pas uniquement dans l’exercice coordonné tel qu’il est décrit dans la loi Rist. Cette communication permet au patient d’être orienté rapidement", affirme celui pour qui la nationalisation de l’accès direct aux kinés ne devrait pas dépendre du type d’exercice, "comme le montrent les résultats chez nos voisins européens".