La rentrée s’annonce difficile. Rien d’étonnant compte tenu de l’épisode épidémique que connaît le pays et, par extension, son système de santé. La crise du Covid-19 a bousculé les habitudes, modifié les réflexes de consommation, et redéfini les comportements sociaux. Une situation complexe qui a nécessité une vraie collaboration collective : en confinement, pour (ré)inventer la prise en charge des patients suspects et/ou chroniques, en post-confinement, pour tenter de soulager l’hôpital public en équilibre précaire entre ce qu’il doit faire et ce qu’il peut faire, mais aussi tout au long de l’été et pendant cette rentrée, pour tester et orienter patients touchés et cas contacts, insister sur le port du masque et les gestes barrières…

Ce que l’on retient ? Le formidable potentiel organisationnel des professionnels libéraux, des structures regroupées et des collectivités face à l’urgence sanitaire. Ce qu’on attend désormais ? Une redéfinition des rôles et des missions des uns et des autres au sein de cet écosystème, une meilleure prise en compte des compétences afin de permettre un vrai décloisonnement des parcours, une plus grande attention portée au collectif au-delà de l’individuel…

 

Karen Ramsay
Karen Ramsay ©M.S.

 

Le Ségur de la santé a livré ses conclusions en juillet dernier : 33 mesures organisées autour de quatre piliers, « fondations sur lesquelles nous allons bâtir avec les territoires la santé de demain », a expliqué Olivier Véran. Des quelques mesures – trop peu nombreuses – qui concernent plus particulièrement la ville, certaines s’attacheront à « améliorer l’accès aux soins non programmés par le développement de l’exercice coordonné », à « lutter contre les inégalités de santé », à « renforcer le rôle de premier recours des infirmières en pratique avancée » ou encore à « renforcer le dialogue territorial avec les élus ».

Mais ces annonces – trop peu timides – ne semblent pas à la hauteur des enjeux : des corps de métier exclus du plan, plusieurs revendications non satisfaites, des budgets insuffisants… Malgré les cinquante jours de concertation, les 300 acteurs interrogés et le rattrapage financier proposé, le compte n’y est pas. Le Ségur de la santé est-il arrivé trop tard ? Ses ambitions étaient-elles trop étroites et son champ d’action limité ? Un deuxième volet pourra-t-il entraîner – enfin – ce « choc sur la santé» que réclame le jeune collectif « Santé en danger » ? Cette rentrée sera décisive pour l’Avenue de Ségur : elle n’a, pour l’heure, qu’un malheureux « Peut mieux faire ».

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