Article publié dans Concours pluripro, janvier 2023

C’était une première, et probablement un impératif compte tenu du contexte extrêmement tendu de ce début d’année : crise des urgences hospitalières, situation catastrophique en pédiatrie, grève des médecins libéraux et des biologistes… C’est au CH Sud Francilien de Corbeil-Essonnes (Île-de-France) qu’Emmanuel Macron a planté le décor de ses tout premiers voeux "aux acteurs de la santé" – au-delà des soignants donc – pour lancer la riposte face à une "crise sans fin" du système de santé et au sentiment de "perte de sens" des professionnels.

Un discours prudent, de cinquante-sept minutes, réparti en trois grands temps : "le constat", "ce que nous avons déjà fait" et "ce que nous devons faire dans les prochains mois". Si le bilan est largement partagé – les problématiques ont été identifiées dès septembre 2018, au moment du lancement du plan "Ma santé 2022" –, Emmanuel Macron le reconnaît : "Le diagnostic était juste, [mais] le traitement n’était pas suffisant." Ce traitement, le président de la République souhaite, comme en 2018 déjà, l’inscrire dans la "coopération" (mot prononcé 12 fois pendant ces voeux) et la construction "d’une équipe complète" afin de libérer du temps médical, d’apporter une meilleure réponse aux difficultés d’accès aux soins et de mettre en place "une médecine qui prévient mieux, une médecine personnalisée, une médecine qui décloisonne". Cette équipe de soins, sorte de "coalition de santé""chacun doit prendre ses responsabilités", doit associer les médecins aux autres professionnels formés à de nouvelles compétences, auxquels de nouveaux actes seront délégués dans l’objectif notamment de multiplier les référents de santé pour les patients sans médecin traitant. Une "équipe traitante" que revendiquent depuis des années les défenseurs de l’exercice coordonné et que le président de la République vient, en quelque sorte, légitimer en l’espace de quelques secondes…

Évolutions interprofessionnelles à identifier d’ici au 1er mars pour "les généraliser et les simplifier", accès à une équipe traitante pour les 600 000 patients chroniques avant la fin de l’année, accès à un médecin traitant pour les 6 millions de patients qui en sont dépourvus d’ici la fin du quinquennat… Les objectifs sont ambitieux, mais quels sont les moyens mis à disposition ? Comment faire évoluer les compétences des uns sans brusquer les autres ? Comment avancer sans s’opposer individuellement ou collectivement ? Pour l’heure, on sait le "vers quoi on veut aller" mais pas (encore) le "ce que l’on propose pour y arriver".

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