article publié dans Concours pluripro, juin 2021

"Je n’ai aucun regret d’avoir sauté le pas de l’exercice coordonné !", s’exclame Géraldine Barbier-Lescure, en faisant allusion à cette année 2015, véritable tournant dans sa carrière. "C’est le… kif absolu", lance-t-elle dans un éclat de rire, après avoir hésité sur le terme à adopter pour traduire son sentiment : "Pour moi, il n’y a pas de retour en arrière possible. Hors de question de pratiquer à nouveau mon métier de façon isolée. Aujourd’hui, l’exercice pluriprofessionnel coordonné est mon identité. Je ne suis pas pédicure-podologue, je suis pédicure-podologue à la MSP Ménilmontant." La nuance est importante et, pour la professionnelle, ça change tout.

L’impulsion de départ

Retour en 2000, quand un ami lui glisse : "Le métier de pédicure-podologue, ce n’est pas ce qu’on croit", afin de l’inciter à passer le concours à l’issue de sa terminale, en plus de celui de sage-femme et d’infirmière. La Douaisienne d’origine l’écoute, mais espère obtenir son premier choix : sage-femme. Raté. Ayant obtenu les deux autres concours, elle opte pour "podo", en se disant qu’elle "verrait bien". Et c’est tout vu : elle accroche vite avec ce métier "manuel", qui "apporte un soulagement immédiat" et où règne le relationnel, notion chère à cette fille de commerçants. Trois ans plus tard, son diplôme en poche, elle se dit la même chose au moment d’accepter un remplacement de deux jours par semaine dans un cabinet libéral du XXe arrondissement parisien : "J’y vais, je vois et j’ajuste au mieux. Et si ça ne me convient pas, je pars."

Et, pendant longtemps, Géraldine Barbier-Lescure s’y retrouve… et devient même associée après trois ans de remplacement. Mais petit à petit, elle réalise que cet exercice isolé ne lui donne pas toutes les cartes d’une prise en charge optimale. "J’ai compris qu’on y avait forcément, à un moment donné, besoin d’un médecin, d’une infirmière…" Car si, à l’époque, la pédicure-podologue s’est bien constitué un réseau, « l’échange n’est pas évident". Ce qu’elle voudrait, c’est reproduire le travail permanent de mise en commun qu’elle mène avec ses collègues enseignants – pédicures-podologues ou médecins – à l’Institut national de podologie, son ancienne école, où elle enseigne depuis 2009. Car elle le voit bien : ce brassage, en plus d’être une bouffée d’air, améliore sa pratique.

En 2015, elle se rend compte que la part d’"ajustement" chère à son mantra ne suffit pas. Elle cesse donc son activité et revend sa patientèle, en attendant de trouver un cadre plus adapté. La même année, elle s’inscrit à un master* pour « certifier » son parcours de formatrice. Ces deux décisions seront des tremplins, car c’est pendant ce master qu’elle goûte à la pratique pluripro aux côtés de ses camarades de promo – médecin urgentiste, infirmière, ergothérapeute – et qu’elle entend parler pour la première fois d’exercice coordonné et de maison de santé. C’est lors de sa recherche d’un cabinet qu’elle tombe sur une annonce : "Médecins recherchent une infirmière pour monter une maison de santé dans le XXe", un quartier parisien, tout en mixité, qu’elle aime tant. Géraldine Barbier-Lescure postule au culot.

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