Le deuxième à s’élancer : le fils aîné, Pierre-Charles, pharmacien. Avec sa femme Sara, rencontrée à la fac, il est co-titulaire à Moisdon-la-Rivière. C’est là, dans cette commune rurale, à une heure et quart de Saint-Nazaire, qu’ils ont, à leur tour, participé à bâtir une MSP. Tout a commencé fin 2019 : le maire avait, pour réfléchir à l’organisation des soins, réuni les professionnels de la commune, ces derniers étant assez nombreux, mais fonctionnant en silos. C’est à cette occasion que l’un des binômes de médecins a sorti le mot “MSP”.
Pierre-Charles a “toujours eu envie de partir vers l’interpro”, se souvient-il. Il faut dire qu’il y a été “biberonné”, comme disent des acteurs alentour. Par la fac. Par son père et ses collègues. Pour lui et Sara, l’évolution était “logique” : dans les officines où ils sont passés, ils conversaient déjà avec les infirmiers, les médecins… Et puis, dit-il, cette opportunité s’est présentée à eux à une époque où la dynamique interpro était déjà bien lancée : “On a pris le train en marche.”
Ils n’ont pas craint de sauter le pas, et ce en couple, comme pour leur officine. Mais pour que ça fonctionne, pose Pierre-Charles, il est crucial de “ne pas se marcher dessus”. De scinder les rôles, car il est impossible que tous deux s’investissent de manière égale pour tout. C’est ainsi que lui s’est davantage impliqué dans le MSP, fournissant notamment un gros travail personnel. Et bénéficiant des conseils de son père, du guidage de l’APMSL. “On a mis 16 mois à devenir MSP”.
Aujourd’hui, l’implication du pharmacien dans la structure (il est au comité de gestion) est toujours prenante, mais ça vaut le coup, juge-t-il. Évoquant sa “fierté” de voir les protocoles pluriprofessionnels “fonctionner correctement”, la création de "Santé vous bien 44" ; la mise en place d’actions de prévention (ex : sur le mouchage) ayant “super bien marché” ; l’absence de bisbilles sur le terrain ; l’acceptation de la critique (dans le cadre d’un double contrôle d’ordonnance, dans une optique de déprescription par exemple) quand elle est constructive et bien amenée…
Les deux MSP, en raison de leur (plus moins grande) ancienneté, de leur bon fonctionnement, sont sollicitées. Par les tutelles : Olivier Véran, alors ministre de la Santé, s’est rendu à Laënnec pour y observer le travail de l’IPA et de l’infirmière Asalée, la Sécu a sélectionné trois MSP - dont Moisdon - pour recueillir leur avis. Par les structures en devenir, surtout, qui font appel à leur expérience. Tous deux sont aussi ravis d’échanger lors des événements, régionaux et nationaux d’AVECsanté. Père et fils le disent volontiers, ils sont des militants de l’exercice coordonné. “C’est l’avenir de la médecine de ville”, selon Pierre-Charles. Le temps qui passe le montre, estime Daniel : les MSP “prennent leur essor”, tandis que “les médecins restés seuls ou à deux disparaissent progressivement”.