Article publié dans Concours pluripro, décembre 2022

                              

Source : MSPU Les Mouffias

 

Le contexte

Entre 2013 et 2015, la Guadeloupe a été touchée par une épidémie de chikungunya, maladie virale transmise à l’homme par des moustiques infectés. 80 000 Guadeloupéens étaient concernés, et toutes les tranches d’âge touchées. L’infection par le CHIKV provoque, dans sa phase aiguë, une fièvre et des douleurs articulaires sévères ou encore des céphalées, des nausées, de la fatigue.

Dix ans plus tard, alors que la flambée épidémique est loin derrière, les professionnels de santé estiment que 30 % des personnes contaminées par le virus souffrent encore de douleurs rhumatismales… soit quelque 25 000 personnes sur l’île. On parle donc aujourd’hui de chikungunya chronique, pour lequel les malades doivent faire le deuil de certains gestes tant leurs douleurs sont invalidantes. Le nom de chikungunya est d’ailleurs dérivé d’un mot de la langue chimakondé (Tanzanie) qui signifie "se déformer", décrivant l’apparence voûtée des malades souffrant de douleurs articulaires. "Baisse de moral, prise de poids mais aussi impression d’être incomprises et abandonnées par le corps médical, ces personnes ont perdu en qualité de vie", souligne Franciane Gane-Troplent, professeure de médecine, médecin généraliste à la MSPU Les Mouffias, aux Abymes. En effet, en dehors de visites chez le médecin traitant ou le rhumatologue, il n’existe pas, selon la professeure, de parcours de soins permettant aux malades d’améliorer leur quotidien.

Dès 2017, avec Fabrice Simon, professeur en maladies infectieuses et tropicales, qui dirigeait le service d’infectiologie de l’hôpital d’instruction des armées Laveran à Marseille, et avec l’appui de l’URPS, Franciane Gane-Troplent imagine le programme Chik Tambouyé 51, dans l’objectif de proposer un parcours de prise en charge afin de tenter de diminuer les douleurs des patients et leur donner des outils pour une vie meilleure.

Dans un premier temps, le service santé du Creps Antilles-Guyane propose des consultations avancées ponctuelles dans la ville des Abymes. "Puis nous avons interrogé le ministère de la Santé sur la possibilité de créer une filière de soins dédiée, comprenant une prise en charge pluripro à la fois physique, psychologique et diététique. Nous avons été orientés vers les expérimentations article 51", se remémore Franciane Gane-Troplent. En 2019, l’équipe de la MSPU Les Mouffias intègre l’accélérateur 51, puis Chik Tambouyé 51, parcours de soins permettant une prise en charge par des consultations complexes pluridisciplinaires ambulatoires (CCPA) du patient atteint de chikungunya chronique, est lancé en septembre 2021, pour une durée de quatre ans.

RETOUR HAUT DE PAGE