Voilà dix années que la télémédecine a été inscrite dans un cadre légal en France (par la loi HPST en 2009). Dix ans plus tard, fin 2018, son usage vient d’être authentifié dans des accords conventionnels qui lient les médecins "de ville"* et l’Assurance maladie. À cette échéance, on peut relire avec profit la synthèse publiée dès 1999 dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) qui, en s’appuyant sur 26 études publiées au cours des années 1990, conclut de manière à la fois prophétique et décalée que "la télémédecine sera un succès quand le mot aura disparu et que l’utilisation de la technique sera totalement banalisée et intégrée au fonctionnement du système de soins".

De son côté, l’Institute of Medicine (IOM) avait, dès 2012, produit un document intéressant où toutes les applications de la télésanté étaient abordées et discutées, le plus souvent à partir de réalisations pratiques, déjà mises en œuvre sur le terrain. Le bilan était plutôt positif et cohérent avec les conditions du succès énoncées dans le JAMA. On peut aussi se remémorer la revue générale publiée dans le New England Journal of Medicine en 2016, qui soulignait l’impact de la "telehealth" en clinique quotidienne. Ainsi, la cohorte la plus nombreuse d’AVC en Amérique du Nord n’était plus celle d’un "major medical center" mais celle d’une compagnie de télémédecine, et cela, en moins de quinze ans ! Plus largement, les usages de télésanté étaient banalisés et l’attention de moins en moins braquée sur la technologie et de plus en plus sur l’organisation des professionnels.

On peut dès lors s’interroger sur les modalités de déploiement en France. Peut-être aurait-il mieux valu s’inspirer des conclusions de l’IOM qui indiquait en 2012 que "l’ensemble des possibilités de la télésanté deviennent opérationnelles alors que le système de soins se transforme, passant de l’exercice individuel traditionnel et du paiement à l’acte, aux nouvelles modalités d’exercice fondées sur le regroupement de professionnels et l’organisation des activités, afin de mieux répondre aux besoins des patients. Les nouvelles technologies impactent désormais l’organisation de l’exercice des professionnels de santé, autant pour faciliter l’accès aux soins que pour mieux utiliser les ressources consacrées à la santé… Au-delà, les diverses applications de la télésanté doivent puissamment contribuer à l’amélioration continue du travail des équipes et, finalement, de la qualité/sécurité des soins".

* De leur côté, les médecins hospitaliers font un usage extensif de la télémédecine via leurs smartphones. 

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