"Encore marginal avant la crise sanitaire, le recours à la téléconsultation est en plein essor", a expliqué Benoit Ourlliac, sous-directeur de l'Observation de la santé à la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), lors de la présentation de son étude sur la téléconsultation de médecine générale pour 2020 et 2021 qui, "au-delà de la quantification de ces téléconsultations, montre les caractéristiques des médecins et des patients qui y ont eu recours".

Premier constat : Même si elle se démocratise et se pérennise, la pratique reste marginale par rapport aux consultations en cabinet : les médecins généralistes libéraux ont effectué 13,5 millions de consultations à distance en 2020 et 9,4 millions en 2021, ce qui représente 5,7 % de leur activité en 2020 et 3,7 % en 2021.

Mais dans les centres de santé, cette pratique est en progression : 600 000 téléconsultations en 2020 et 1,1 million en 2021. "Un accroissement porté par des centres de santé spécialisés dans ce type de prise en charge, qui n’effectuent pas ou très peu de consultations en cabinet ou de visites à domicile (moins de 20 % de leur activité en 2021)", détaille l'étude. Ces structures représentent moins de 1 % du nombre de centres de santé à l’échelle nationale mais concentrent respectivement 44 % et 73 % des téléconsultations réalisées par des centres de santé en 2020 et 2021.

 

 

Sur l’ensemble du territoire, ce sont les jeunes médecins qui effectuent le plus de téléconsultations et essentiellement en milieu urbain. "Et comme les professionnels exerçant en pluripro sont souvent plus jeunes que la moyenne, on aurait tendance à dire qu’ils sont plus ouverts à l’expérimentation de nouvelles pratiques", analyse Benoit Ourliac.

Des patients jeunes et urbains

La patientèle de la téléconsultation est composée à 62 % de femmes, et ces patients sont plutôt jeunes (les 15-44 ans représentent 45 % de l’activité à distance). Très peu (11%) sont des bénéficiaires de la CMU. Surtout, 7 patients sur 10 vivent dans des grands pôles urbains… "La distance avec le cabinet du médecin généraliste n’est donc pas forcément le critère pour se tourner vers la téléconsultation", analyse Benoit Ourliac.

Les téléconsultations effectuées dans des centres de santé concernent un public encore plus jeune que ce qui est observé en médecine libérale. En effet, 68,9 % des consultations à distance réalisées en 2021 par des médecins généralistes salariés en centre de santé l’ont été avec des patients âgés de 15 à 44 ans, contre 35,7 % de celles au cabinet dans ces centres.

Par ailleurs, les consultations et téléconsultations données dans des centres de santé s’adressent à des patients plus souvent urbains qu’en médecine libérale, et particulièrement à ceux qui résident en périphérie parisienne. Ainsi, 44,1 % des consultations et 47,6 % des téléconsultations réalisées en 2021 par des médecins généralistes salariés en centre de santé ont été effectuées avec des patients vivant dans les territoires urbains de l’aire urbaine de Paris, contre 13,1 % des consultations et 27 % des téléconsultations de médecins généralistes libéraux.

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