Article publié dans Concours pluripro, février 2025
 

Une dotation de 111 millions d’euros. C’est le montant des crédits pour l’aide médicale d’État (AME) "gelé" par sept sénateurs et les sept députés réunis en CMP* le 31 janvier 2025. Une diminution moindre par rapport à la coupe de 200 millions d’euros votée par le Sénat quelques semaines plus tôt. Véritable "totem" pour la gauche, les élus ont donc dû trouver un compromis en la proposition du député Renaissance David Amiel. Une réduction qui intervient alors que le dispositif s’est retrouvé plusieurs fois dans le viseur d’une partie de la classe politique depuis fin 2023. Plus de 5 730 professionnels ont annoncé, par le biais d’une tribune1, le 31 janvier dernier, qu’il était « hors de question » de "“trier” les malades, différenciant ceux qu’[ils pourraient] soigner et ceux qu’[ils devraient] renvoyer de [leurs] cabinets du simple fait de leur nationalité, de leur statut ou de leur manque de ressources". Mais que coûte réellement cette aide médicale d’État aux contribuables et y a-t-il vraiment autant d’abus, comme le laissent entendre les détracteurs du dispositif ?

Quel coût pour les finances publiques ?

Ces 111 millions d’euros représentent une diminution de 9 % de la dotation de l’AME pour 2025 (1,3 milliard d’euros) et pourrait s’apparenter à une forme de "gel" (sans prise en compte de l’inflation, estimée entre 1 et 2 % par l’Insee pour cette année) par rapport à sa dotation de 2024 (1,15 milliard d’euros). Souvent critiquée comme une source de dépense "dispensable", le dispositif pèse à hauteur de 0,5 % des dépenses de santé et de 0,1 % des dépenses globales de l’État (848 milliards d’euros selon l’évaluation du projet de loi de finances 2025)…
Toutefois, Bruno Retailleau, invité de l’émission BFM Politique, le 19 janvier dernier, a dit vouloir "toucher" à l’AME sans pour autant la remettre complètement en cause. On s’en souvient : le ministre de l’Intérieur avait déjà déclaré en septembre 2024 qu’il ne voulait pas que "la France soit le pays le plus attractif d’Europe pour un certain nombre de prestations sociales d’accès aux soins", tout en menaçant de réduire drastiquement son accès. Quelques jours plus tard, huit anciens ministres de la Santé avaient alerté, dans une tribune2, sur les risques d’une telle mesure car "affaiblir l’AME, c’est exposer notre système de santé à une pression accrue de prises en charge plus tardives et donc plus graves et plus coûteuses".

 

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