Article publié dans Concours pluripro, avril 2023
"À l'heure actuelle, seules 25 % des personnes souffrant d'arthrogrypose sont diagnostiquées en anténatal, alors qu'un dépistage est possible, se désole Anaïs Peyre, secrétaire adjointe de l'association Alliance Arthrogrypose, une maladie dont sa fille est atteinte. C'est d'autant plus dommage qu'il existe un traitement à commencer dès la naissance." Ce traitement permet de limiter les conséquences de cette maladie, qui peut se révéler très invalidante.
L'arthrogrypose (terme issu du grec et signifiant "articulations tordues") peut prendre 300 formes différentes, caractérisées par des déficiences neuromotrices et des déformations et raideurs d'articulations. L'arthrogrypose multiple congénitale (AMC), qui touche 1 personne sur 3 000 environ, se divise en trois grandes familles. La plus courante, l'amyoplasie, implique qu'au moins deux types d'articulation différents soient concernés (pieds et genoux, pieds et mains…). D'autres formes peuvent s'accompagner d'atteintes neurologiques ou respiratoires, par exemple. "Les personnes atteintes ont les articulations grippées, voire bloquées, précise Anaïs Peyre. Il peut y avoir des raideurs dans les membres dues au manque de muscles, qui augmentent avec le temps si rien n'est fait."
Fort heureusement, une partie des déficiences peut être compensée par une rééducation précoce. Et un suivi médical permet d'éviter l'aggravation des atteintes – même si ce n'est pas une maladie dégénérative. "Les deux premières années sont cruciales pour récupérer !", indique Anaïs Peyre. Les enfants diagnostiqués à la naissance commencent par porter des attelles (aux mains, aux pieds, au bassin…) et bénéficient de nombreuses séances de kinésithérapie. Des opérations chirurgicales peuvent aussi être nécessaires. "L'idée est d'éviter une perte d'autonomie pendant la croissance. Ensuite, à l'âge adulte, on continue l'entretien avec un kiné, qui explique comment mettre en place des compensations. Il est important de préserver le dos, avec lequel on a tendance à trop compenser la raideur des membres, ce qui peut faire apparaître des douleurs chroniques." Chaque cas étant particulier, il est recommandé d'effectuer, dès que possible, un bilan pluridisciplinaire. Mais pour mettre en place un suivi efficace, encore faut-il être bien informé sur la maladie…