Article publié dans Concours pluripro, décembre 2024
 

Avec un projet initié en 2006 par la création d'un collectif d'habitants, soutenu par des associations locales et des structures du quartier, le centre de santé participatif des 3 Cités, situé à Poitiers, a placé les usagers, et tout particulièrement les plus précaires, au coeur de son fonctionnement. "Le bailleur social dans lequel se trouve le bâtiment qui abrite le centre de santé avait un projet de rénovation, et les habitants souhaitaient y être associés", révèle Garance Grosseau-Poussard, directrice de "l'association de gestion du centre de santé des 3 Cités". Une enquête, lancée par la suite et visant à "établir les besoins des habitants pour cette future résidence, a fait ressortir un certain nombre de besoins en santé".

Durant plusieurs années, ce groupe va se concentrer sur ces nécessités de santé. En 2013, tout en étant accompagné, il réalise un diagnostic territorial de santé. "À l'époque, celui-ci n'a pas fait ressortir de déficit médical mais une population médicale vieillissante ainsi que plusieurs freins en ce qui concerne l'accès aux soins, tout particulièrement en lien avec la précarité (langue, finances, transports...), poursuit la directrice. De là, le collectif, composé majoritairement de femmes issues du milieu ouvrier ou retraitées, a décidé de monter un centre de santé et fonde l'association Espoir afin de porter la structure. Elle laissera la place en 2015 à l'Association de gestion du centre de santé des 3 Cités, qui gère encore l'établissement." Pour les habitantes mobilisées, ouvrir un établissement de santé était une manière de "prendre le taureau par les cornes et de créer leur propre entrée dans le système de santé" compte tenu de l'important nombre d'obstacles pour accéder aux soins dans le quartier. Au fur et à mesure des réunions publiques, le groupe va rencontrer deux médecins généralistes qui exerceront à l'ouverture du centre.

"Au départ, cela n'est pas très bien vu, car il n'y a pas beaucoup de centres de santé dans le secteur. Les autorités ne sont pas forcément très attentives à ce qui se passe." Les habitants déposent tout de même le projet de santé et la lettre d'intention : l'ARS donne le feu vert pour l'ouverture du centre en décembre 2015. "L'association possède un fonctionnement classique, avec des adhérents, un conseil d'administration et un bureau." Si au commencement, le centre de santé participatif ne propose que des consultations médicales, il "prend de l'ampleur" et en 2018 devient pluripro avec la création d'un poste de direction et l'arrivée de professionnels de santé (orthophoniste, infirmière Asalée...). La poursuite du développement des activités continue grâce notamment aux opportunités de financement de l'expérimentation Secpa.

 

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