Que ce soit en ville ou à l’hôpital, en médecine ou en chirurgie, la prise en charge évolue. Depuis un peu plus de six mois, l’hôpital Fondation Adolphe de Rothschild (voir ci-dessous) a ainsi mis en place un protocole de récupération améliorée après chirurgie (Raac) dans son service de neurologie, pour la chirurgie du rachis.

Pour la Haute Autorité de santé (HAS), qui met en avant la Raac comme « une approche de prise en charge globale du patient favorisant le rétablissement précoce de ses capacités après la chirurgie »*, elle doit être pensée autour du patient, tout au long du parcours : préopératoire, peropératoire et postopératoire.

Participation active

« L’idée de la Raac est d’utiliser la période préopératoire pour amener le patient à l’intervention dans des conditions physiques et psychologiques optimales, puis de limiter son stress pendant, et enfin d’améliorer sa récupération et de le mettre le plus rapidement possible dans une situation d’autonomie, en favorisant sa participation active », résume le Dr Antoine Kourilsky, neurochirurgien et pilote de la mise en place de la Raac pour la chirurgie du rachis à l’hôpital Fondation Adolphe de Rothschild.

Le résultat : une réduction de la morbi-mortalité et une reprise plus rapide de l’activité. « La littérature scientifique est encore un peu pauvre pour la chirurgie du rachis. Les premiers résultats suggèrent néanmoins une réduction de la durée moyenne de séjour (DMS) d’un facteur deux », précise le neurochirurgien. Il souligne que si l’un des objectifs de la Raac est de se rapprocher d’une prise en charge ambulatoire en réduisant la DMS, l’un des gros enjeux est surtout le retour à l’autonomie et à une activité professionnelle pour les patients.

Hôpital de jour préopératoire

Dans le détail, les trois étapes autour de l’intervention sont protocolisées. La première, préopératoire, est essentielle, car la préparation physique et psychologique des patients est cruciale pour leur récupération ultérieure. À l’hôpital Fondation Adolphe de Rothschild, cette étape se fait en hôpital de jour, environ deux semaines avant l’intervention.

Le kinésithérapeute rencontre le patient, fixe des objectifs de récupération, et peut aussi travailler sur la kinésiophobie. L’anesthésiste intervient à son tour pour une consultation relativement classique, puis l’infirmière de coordination, charnière du parcours du patient. Le chirurgien procède enfin à une synthèse, et rédige un courrier d’information à destination du médecin traitant du patient.

« L’idée est aussi de personnaliser, lorsque c’est possible, ajoute Antoine Kourilsky. Nous aimerions mettre en place un parcours plus long : lorsque des signes cliniques commencent à faire pressentir une intervention future, nous pouvons lutter plus efficacement contre la kinésiophobie, ou mettre en place des filières de sevrage tabagique ou de diététique, par exemple. » Un suivi en fonction du profil psychologique du patient, ou encore une rééducation cardiopulmonaire en amont de l’opération chez des personnes fragiles, améliorent également les résultats de la chirurgie du rachis.

Un prise en charge pluriprofessionnelle

Le jour de l’opération, le jeûne opératoire est réduit à son minimum, afin de limiter l’inconfort du patient avant et après l’opération. Les sondes sont retirées dès que possible, et le patient est incité à se lever le jour même de l’intervention. Ce sont les bases de la Raac.

La différence entre une chirurgie classique et la Raac prend aussi son sens grâce à la prise en charge pluriprofessionnelle. Le rôle de l’infirmière de coordination est donc essentiel (voir ci-contre). Elle garantit le lien entre l’anesthésiste, le chirurgien, et les autres acteurs : kinés, gériatres, médecin MPR, psychologue, assistante sociale, IDE, médecin traitant… Son rôle s’étend à la sortie des patients grâce à l’application « MonHospi », qui, en plus de servir de plateforme d’information en préopératoire, permet, par exemple, de transmettre des photos de la plaie.

Enfin, « la Raac relève d’une démarche profondément scientifique », ajoute le Dr Kourilsky. Le processus d’amélioration du protocole repose sur un audit continu des résultats. La durée moyenne de séjour, la douleur – évaluée à la sortie d’hospitalisation et à J-21 –, des critères fonctionnels (EFS12 et EFS36), ainsi que le délai avant reprise d’une activité professionnelle sont relevés et analysés.

À ce jour, une cinquantaine de patients ont été inclus dans le parcours Raac (la période Covid n’ayant pas facilité son développement), recrutés parmi l’ensemble des patients concernés par une pathologie du rachis, hors urgences.

« Ce projet de Raac en chirurgie du rachis est avant tout un projet d’établissement, a déclaré le Dr Caroline Le Guérinel, chef du service de neurochirurgie de l’hôpital Fondation Adolphe de Rothschild. Il concernera à moyen terme l’ensemble des patients opérés de chirurgie du rachis, et a pour vocation à s’étendre à l’ensemble de la neurochirurgie ainsi qu’à d’autres spécialités. » La chirurgie crânienne, et sans doute l’ORL, sont les prochaines sur la liste.

L’ÉTABLISSEMENT

L’hôpital Fondation Adolphe de Rothschild (à ne pas confondre avec l’hôpital Rothschild, AP-HP) est un établissement de santé privé d’intérêt collectif (Espic), à Paris. Ses chirurgiens réalisent environ 20 000 interventions par an, notamment en ophtalmologie (la raison d’être de sa création en 1905) et en neurologie.

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