« Ce sont des notions complexes qui ne sont pas forcément utilisées dans un sens équivalent selon que l’on est un professionnel de la santé ou du social, un chercheur…, explique Héléna Revil, responsable scientifique de l’Odenore. Pour moi, ce sont avant tout des outils analytiques qui permettent de poser le regard et de décrypter des situations dans lesquelles les personnes ne bénéficient pas de soins, de prestations de santé dont elles pourraient théoriquement bénéficier. »

Non-recours aux soins. Si l’on se réfère à la définition générale du non-recours aux prestations sociales, le non-recours en matière de santé renvoie à des situations où les personnes ne bénéficient pas d’offres médicales, de soins, d’actes, de prestations de santé auxquels elles pourraient prétendre. La notion permet de poser le regard sur des soins manquants, des actes non faits, des suivis arrêtés, sans d’ailleurs préjuger des raisons. Ces situations trouvent des explications différentes qui induisent des types de non-recours différents : non-connaissance, non-réception, non-demande, non-proposition de soins, d’actes, d’examens… « En matière de santé, la notion est plutôt utilisée pour traduire le point de vue des professionnels sur les soins non réalisés par les personnes ; la notion prend alors une coloration normative car, en l’utilisant, ils pointent des “écarts” par rapport aux normes, aux recommandations médicales, et portent pour certains un jugement sur les comportements des patients. »

Renoncement aux soins. L’Odenore utilise cette notion pour « capter le point de vue des personnes sur leurs besoins de soins » et pour déterminer avec elles ceux qui ne sont pas satisfaits. « La question du besoin est quand même l’angle mort du professionnel. Et cette notion nous permet de partir des besoins tels que perçus par les personnes, avance Héléna Revil. Une situation qu’un professionnel de santé qualifie de non-recours n’est pas nécessairement un renoncement si l’on se réfère au point de vue de la personne concernée. Tout simplement parce qu’elle n’a pas toujours conscience d’avoir besoin d’un soin, d’un examen, ou de pouvoir en bénéficier. » La chercheuse insiste d’ailleurs sur le fait que le patient qui renonce à des soins n’est pas une personne passive : « La plupart des personnes rencontrées dans nos enquêtes voudraient réaliser le/les soin/s dont elles ont besoin et ont essayé de le faire, mais elles n’y arrivent pas, pour différentes raisons. D’où l’importance de distinguer les types de renoncement. »

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