Un billet d'Aurélien Rousseau, directeur général de l’ARS Île-de-France

1er avril 2020 : l’histoire de la santé publique retiendra peut-être que les dix ans de la création des ARS ont coïncidé presque exactement avec le « pic » de l’épidémie de Covid-19 en France. Une coïncidence glaçante, une mise à l’épreuve terrible pour le système de santé. Il est trop tôt pour en tirer toutes les leçons, car la crise est encore là, et le système de soins s’y trouve encore pleinement engagé. Mais ce que nous pouvons déjà dire, c’est que les ARS ont pleinement joué leur rôle et que les défis qui se posent n’ont pas changé de nature, mais ont été accentués, amplifiés, exacerbés par la crise. Beaucoup de nos concitoyens ont une vue tronquée des ARS, comme étant de simples producteurs de normes ou des contrôleurs. Ces fonctions régaliennes existent et elles sont utiles. Mais les ARS ne se cantonnent pas à cela, loin s’en faut !

Tout d’abord, la gestion de crise est au cœur de nos missions. Le Mers-CoV en 2012, Ebola en 2014, les attentats de 2015, l’incendie de Notre-Dame en 2019… Des situations de crise intenses, où la vitesse et la coordination des actions jouent un rôle clé. Une mission assurée par nos équipes de veille sanitaire qui commandent la cellule de crise sanitaire régionale, avec le concours de l’ensemble de nos services. D’où l’intérêt de la création des ARS, avec le rapprochement, en un seul lieu, de multiples organisations autrefois éclatées, pour être capable de coordonner, de partager l’information, d’impulser une action cohérente, de décloisonner, pour réunir l’ensemble des forces du territoire.

Aucune crise ne ressemble à une autre. Par sa nature, par son intensité, par sa longueur. C’est pourquoi elles demandent à la fois le professionnalisme des équipes et une grande agilité pour inventer des solutions, nécessairement nouvelles à chaque crise. Je tiens à rendre un hommage appuyé à ces équipes qui, pour le Covid-19, réalisent depuis trois mois un travail immense d’organisation et de pilotage mais aussi d’invention et de mise en œuvre de solutions très concrètes pour faire face à l’urgence.

 

Aurélien Rousseau
Aurélien Rousseau, directeur général de l'ARS Île-de-France

 

Au-delà de la gestion de crise, les ARS sont aussi de formidables outils d’animation, de coordination, d’innovation et de transformation. Et qui s’illustrent par les actions entreprises ces dernières années : en Île-de-France, la constitution des 16 GHT, les 80 projets de CPTS, les 100 MSP, l’appel à candidatures « 400 médecins généralistes », les projets autour de l’article 51 ou le soutien financier à l’installation des jeunes qui est un dispositif propre à l’Île-de-France... La liste est longue.

La première leçon que j’en tire, c’est que ce modèle fonctionne. Par sa capacité à coordonner l’ensemble des acteurs avec lesquels elle travaille, par sa capacité à soutenir, à piloter un système aussi complexe qu’un système de soins, à réinventer son organisation, à innover, l’ARS a contribué à ce que notre système de santé tienne bon. Tout n’a certainement pas été parfait. Mais l’ARS a tenu une place centrale aux côtés des professionnels de santé et des élus, en lien quotidien avec les préfets.

La seconde leçon est que les défis d’hier demeurent et que la crise les a même encore relevés : les ressources humaines en santé, le défi du grand âge, les inégalités territoriales… Mais celle-ci a démontré que les ARS peuvent être à la hauteur de leurs responsabilités, qu’elles peuvent être agiles, coopérer encore davantage, piloter, innover, et tout cela dans une situation d’urgence exceptionnelle. J’y vois le gage de notre capacité à affronter ces défis qui nous attendent et que nous devrons relever ensemble.

RETOUR HAUT DE PAGE