"La grande difficulté les professionnels de l'hôpital, c'est la multiplicité des correspondants de ville. C'est trop morcelé. C'est à vous, en ville, de vous organiser. Nous attendons beaucoup des regroupements d'équipes de soins primaires." Pour Thierry Godeau, président de la Conférence nationale des présidents de CME des centres hospitaliers, le dialogue entre la ville et l'hôpital est primordial pour offrir une réponse graduée et concertée aux besoins de santé de la population. Ainsi, à l'hôpital de la Rochelle dont il préside la commission médicale d’établissement (CME), des groupes de travail ont été mis en place avec les CPTS du territoire, pour traiter des entrées et des sorties d’hospitalisation, des soins non programmés, ou encore de la santé mentale.
Une coordination facilitée par l’usage des outils numériques. D’où la nécessité, a rappelé Thierry Godeau, de disposer des mêmes outils d'échange d'informations en ville et à l'hôpital. Un souhait auquel les travaux du ministère de la Santé vont donner réalité. Car, comme l’a précisé Xavier Vitry, directeur de projets à la Délégation au numérique en santé, les travaux sont en cours pour aligner l'ensemble des systèmes de sécurité afin que l'ensemble des messageries sécurisées de santé puissent dialoguer ensemble.
Autre décloisonnement nécessaire pour faire face aux besoins de la population et au manque de médecins : le partage des compétences. Inscrit dans le dernier Projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS), l'accès direct doit être expérimenté dans six départements. Soulignant la timidité de cette expérimentation, Sébastien Guérard, président de la Fédération française des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs (FFMKR) et de l'intersyndicale Libéraux de santé, a rappelé le souci des paramédicaux de ville de soulager les médecins et "de bien faire leur travail en étant, à titre dérogatoire, exonérés, quand c'est nécessaire, du bon à rembourser qu'est la prescription médicale".
Thomas Mesnier, conseiller santé d'Emmanuel Macron et rapporteur général du budget de la Sécurité sociale de l'Assemblée nationale, a rappelé l'exemple des 9 millions de consultations annuelles pour cystite ou pour angine, qui pourront être déléguées à d'autres professionnels de santé, quand la loi de 2019 relative à l'organisation et la transformation du système de santé sera traduite réglementairement.