Article publié dans Concours pluripro, novembre 2024
 

L'hôpital local ou de proximité est un élément important du système de soins, quel que soit le pays considéré, dans le périmètre des États réunis dans l'OCDE. Et partout, cet hôpital local est le lieu de réformes importantes, le cas échéant radicales ; suivent quelques aspects significatifs de ces réformes dans des pays aussi variés que le Danemark, l'Angleterre, l'Allemagne, le Québec et l'Australie. À noter que si ces diverses réformes peuvent revêtir des spécificités propres à chaque pays, elles sont cependant largement partagées et mises en oeuvre, peu ou prou, partout.

D'abord au Danemark, où le mouvement de décentralisation – afin de rapprocher les centres de décision de la population – se poursuit ("Danish government rolls out plan addressing tomorrow's health challenges", "Le système de santé danois"). Ce sont les 98 municipalities, sorte de communautés de communes françaises, qui s'efforcent de mieux structurer les soins primaires afin que les hôpitaux puissent intensifier leur virage ambulatoire. Ainsi, à l'image de ce qui se passe dans les autres pays scandinaves en raison de l'accroissement programmé de la population âgée (doublement des plus de 80 ans d'ici à 2035), la priorité est mise sur la formation et le recrutement de travailleurs sociaux et de médecins généralistes supplémentaires. Pour l'hôpital, la politique globale consiste à limiter les séjours hospitaliers au profit des hospitalisations de jour et des soins à domicile. Les deux principaux défis pour le système hospitalier sont la résorption des listes d'attente (qui touchent principalement la chirurgie programmée) et les différences de service et de qualité entre régions (d'où le regroupement en cours des établissements). Pour mémoire, l'accès aux soins urgents hospitaliers est régulé par le médecin généraliste auquel est affilié chaque patient (entre 8h et 16h) ou le médecin de garde (entre 16h et 8h).

De leur côté, l'Angleterre et l'Allemagne ont considérablement réduit leurs capacités d'hospitalisation classique ("NHS hospital bed numbers", "Germany's hospital 'reforms': Another blow to healthcare") au cours des trois dernières décennies (de 300 000 à moins de 140 000 outre-Manche, alors que les flux de patients traités ont considérablement augmenté). De surcroît, l'Allemagne se singularise par une rupture sur le mode de financement des hôpitaux, avec un risque accru de fermeture pour certains établissements dont la qualité des services rendus serait insuffisante.

 

Un virage "massif" vers les soins à domicile

Au Québec, une réforme importante est en cours, afin notamment de faire face à divers enjeux et difficultés, particulièrement en matière d'accès aux soins et de pénurie de main-d'oeuvre dans un contexte de vieillissement de la population, d'accroissement des besoins et en raison d'un manque de rapidité dans la réponse aux problèmes sur le terrain (douloureusement constaté lors de la pandémie liée au Covid). Ainsi, l'un des objectifs est d'avoir accès à un professionnel plus rapidement, notamment, pour l'hôpital, aux urgences, en chirurgie et pour obtenir une consultation avec un médecin spécialiste. La nouvelle loi appelle à "une coordination renforcée entre les établissements et des ressources cliniques et médicales mieux réparties de manière à offrir un accès plus équitable sur le territoire grâce à la création de Santé Québec. De plus, la loi prévoit que l'ensemble des médecins devra désormais participer à combler certains besoins de la population. Concrètement, la contribution de ces médecins sera définie par les activités médicales particulières selon les besoins locaux, régionaux et nationaux. Il s'agit d'une première, pour les médecins spécialistes" (alors que cela existe déjà pour les omnipraticiens). Enfin, pour les personnes âgées et/ou en perte d'autonomie, la nouvelle loi prescrit un virage massif vers les soins à domicile, une réduction du temps administratif et une valorisation du travail des professionnels.

Enfin, aux antipodes, la Nouvelle-Galles du Sud met l'accent sur la nécessité de former davantage de general practitioners, puis de sécuriser leurs conditions de carrière. Pour y parvenir, un nouveau cursus est proposé de façon à permettre une formation initiale puis un exercice professionnel mixte, c'est-à-dire à la fois à l'hôpital et en milieu ambulatoire.

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