L’expérience est unique dans la région : un exercice coordonné ville-hôpital autour de la chirurgie ambulatoire a été mis en place depuis 2006 à l'hôpital privé Sévigné, situé en Ille-et-Vilaine (Bretagne). Un réseau, mettant en lien professionnels de ville et professionnels du centre hospitalier, qui permet de gérer les risques induits par la chirurgie ambulatoire. « Le dispositif repose sur un triptyque innovant : un patient acteur de son parcours, une organisation territoriale fluide et des outils de coordination et de démarche qualité simples et efficaces », précise l’URPS dans son rapport.

Priorisée par les instances, la chirurgie ambulatoire, devenue un objectif stratégique de politique de santé, affiche un taux cible de 70 % en 2022. Douleurs et complications postopératoires du patient, inconfort, suivi du dossier médical… Pour parer aux principaux risques d'une telle prise en charge, le CH de Sévigné a mis en place une cellule de vigilance ambulatoire à laquelle participent l'ensemble des acteurs de santé. Celle-ci analyse des indicateurs renseignés tant par les professionnels de ville que les patients, et met en place des actions d'amélioration. Une gestion coordonnée des risques et la communication entre professionnels de ville et hospitaliers qui permettent de réduire les freins au recours à la chirurgie ambulatoire.

1 387 gains potentiels de séjours

Quinze ans après la mise en place de cette initiative de coordination, une étude, réalisée par l'économiste Frédéric Bizard, se base sur les résultats obtenus par le CH de Sévigné en les comparant à des données régionales et nationales. Elle se concentre sur trois indications : les amygdalectomies chez l'enfant, les hernies inguinales chez l'adulte et les cholécystectomies. Et prend en compte les coûts et bénéfices en fonction du recours ou non à l'exercice coordonné.

Cet exercice induit pour le CH de Sévigné des coûts fixes de 7 000 euros, liés à la constitution du projet et à sa mise en place et des coûts variables, liés aux consultations postopératoires. En tenant compte de l’activité du réseau de chirurgie ambulatoire en 2019 au CH de Sévigné, explique Frédéric Bizard, des coûts associés à l’exercice coordonné peuvent être estimés sur ces trois indications.

 

 

« Les bénéfices médicaux ont été démontrés à partir d’une base de plus de 6 000 patients. Le retour d’information des professionnels de ville est encore aujourd’hui supérieur à 75 % et le taux de recommandation à un proche supérieur à 80 % pour l’ensemble des spécialités, avec des pics à 96% pour les amygdalectomies chez l’enfant par exemple », note le rapport.

Une étude réalisée en janvier 2019 par l’URPS médecins libéraux de Bretagne a montré que ce type de prise en charge permettait de réduire de 20 % les coûts de production hospitaliers par rapport à l'hospitalisation conventionnelle.

Le taux de chirurgie ambulatoire du CH de Sévigné pour les trois indications étudiées (allant de 99 %, pour les amygdalectomies à 60 % pour les cholécystectomies) est appliqué à l'ensemble des établissements bretons. Ce taux potentiel représente un gain de 17 %, soit 1 387 séjours supplémentaires en ambulatoire.

Compte tenu des économies de coûts occasionnées par la chirurgie ambulatoire, ce gain potentiel de séjours se traduit par un gain financier potentiel de 264 176 euros, pour les indications étudiées, pour la Bretagne. Ainsi, chaque euro investi par un établissement dans l'exercice coordonné en rapporte 6,3, au regard des économies générées par le surplus de séjours ambulatoires réalisés à la suite à la mise en place de ce type d'exercice. Porté au niveau national, ce mode de calcul conclut à un ratio coûts-bénéfices de 7.

 

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