Article publié dans Concours pluripro, juin 2025
 

Pour l'OMS, la santé environnementale comprend les aspects de la santé humaine, y compris la qualité de la vie, déterminés par les facteurs physiques, chimiques, biologiques, sociaux, psychosociaux et esthétiques de notre environnement. C'est dire les liens étroits avec la santé au travail. Faut-il rappeler que les grandes catastrophes sanitaires liées à l'environnement (Tchernobyl, Minamata [forme d'intoxication au mercure qui a touché durant des décennies des milliers d'habitants du pourtour de la baie de Minamata au Japon], amiante...) ont une origine industrielle et sont aussi des accidents du travail et des maladies professionnelles ?

Le cas des pesticides en est un exemple frappant, qui est venu à occuper la une de l'actualité ces dernières années. Les pathologies professionnelles sont indissociables des conséquences sur la santé des travailleurs manipulant les pesticides mais également de la population en contact. Lors du congrès du Syndicat national des professionnels de la santé au travail, le 29 mars dernier, David Mussard, médecin du travail et conseiller technique national en charge du risque chimique à la Caisse centrale de la MSA, est venu discuter de cette question. Car en plus d'être un sujet médico-scientifique complexe et en constante évolution grâce aux nouvelles données toxicologiques régulières, il est aussi un sujet brûlant de politique française et européenne, avec le maintien nécessaire d'une compétitivité de l'agriculture communautaire.

 

L'exposition zéro, illusoire ?

Les pesticides regroupent trois familles de molécules : les produits phytosanitaires (traitement et protection des cultures), les biocides (désinfectants, lutte contre les nuisibles) et les antiparasitaires externes. L'utilisation de la chimie en agriculture existe, pour ainsi dire, de tout temps car le soufre était déjà utilisé comme insecticide dans la Grèce antique. Néanmoins, l'accélération de la production agricole d'après-guerre a marqué son grand essor.

La consommation de pesticides en France a quasiment doublé en trente ans (+28 % en Europe et +670 % en Amérique du Sud sur la même période) mais reste dans la moyenne de l'Union européenne quand cette consommation est pondérée au nombre d'hectares agricoles du pays. Mais les mesures prises au Grenelle de l'environnement de 2008 (dont le plan Écophyto, déclinaison française de la directive européenne 2009/128, dite "utilisation des pesticides compatible avec le développement durable", ce plan d'action vise à réduire le recours, les risques et les impacts des produits phytopharmaceutiques) ainsi que la taxe "pollueur-payeur" de 2018 ont tout de même permis d'amorcer une baisse de leur utilisation depuis 2017, et surtout un effondrement de l'utilisation des produits phytosanitaires CMR 1A et 1B (Classification cancérogène [C], mutagène [M] ou toxique pour la reproduction [R] : 1A pour les substances dont les effets sont avérés pour l'homme, et 1B pour celles dont les effets sont supposés chez l'homme, parce qu'avérés chez l'animal).

 

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